Kenya: après la rupture avec la Somalie, le rapprochement avec le Somaliland toujours plus brûlant

Le torchon brule entre le Kenya et la Somalie. Mogadiscio a rompu ce mardi 14 décembre les relations diplomatiques avec son voisin du Sud. Les diplomates kenyans ont sept jours pour quitter le territoire somalien. Dans la foulée, Nairobi annonçait l’ouverture d’un consulat en mars prochain au Somaliland, cette région autoproclamée indépendante que la Somalie considère comme faisant partie de son territoire. Dans le contexte de relations déjà tendues entre les deux pays, ce rapprochement entre le Kenya et le Somaliland est vécu comme un véritable affront à Mogadiscio.

Le président du Somaliland et le président kenyan, côte à côte à Nairobi, tels deux homologues appréciant une visite officielle. L’image fait bondir Mogadiscio.

Et pour cause, le Kenya et le Somaliland décident d’entamer des relations diplomatiques bilatérales. Un consulat kenyan sera installé dès la fin du mois de mars dans la capitale. Mieux encore, des vols directs assureront la liaison entre Nairobi et Hargeisa. Une coopération économique et commerciale mais aussi sécuritaire face aux terroristes d’Al Shabaab. Le Kenya et le Somaliland ont scellé plusieurs accords.
Coopération indispensable

Ce rapprochement risque d’embraser les relations entre Mogadiscio et Nairobi. Et pourtant leur coopération demeure indispensable : sur le terrain militaire d’abord, alors que les troupes kenyanes sont déployées en Somalie sous la bannière de l’Amisom pour lutter contre les Shebab. Mais aussi concernant le sort des 350 000 réfugiés somaliens qui vivent en ce moment au Kenya, principalement dans les camps de Dadaab et Kakuma.

Le Kenya n’est pas le premier État de la région à recevoir avec fanfare et tapis rouge Muse Bihi Abdi et c’est pour ça que la colère de Mogadiscio fait un peu sourire. Au-delà de ce premier motif qui semble éclairer la crise actuelle, il y a deux raisons qui sont sans doutes plus profondes. La première tient à un différend frontalier qui doit être étudié par la Cour internationale de justice dans les premiers mois de 2021 et qui pourrait avoir des incidences économiques fortes, puisqu’il s’agit de la frontière maritime, et beaucoup de genre estime qu’il y a des ressources offshores qui sont tout à fait significatives. Et la deuxième raison qui est peut-être plus actuelle, moins stratégique, c’est l’appui déterminé que donne le Kenya et l’armée kényane à l’administration d’Ahmed Madobe du Jubaland qui est un des deux États fédérés qui s’oppose au gouvernement de Mogadiscio notamment dans l’organisation des élections.