Centrafrique: des groupes armés menacent le pouvoir en cas de “hold-up électoral”

Au moins trois des plus importants groupes armés qui occupent deux tiers de la Centrafrique ont menacé de s’en prendre au pouvoir du président Faustin Archange Touadéra, si ce dernier organise des fraudes, comme ils l’en accusent, pour obtenir un second mandat à la présidentielle du 27 décembre.

Ces menaces ont été proférées dans un communiqué rendu public jeudi mais, vendredi matin, seuls trois des six groupes listés et contactés par l’AFP avaient confirmé que le document portait bien leur signature, un quatrième l’ayant démentie.

Ils accusent régulièrement le pouvoir de M. Touadéra de fraudes et estiment que le pouvoir ne respecte pas l’accord de paix de Khartoum signé le 6 février 2019 par le gouvernement et 14 groupes armés, mais qui n’a pas encore réussi à mettre fin à la guerre civile ravageant la Centrafrique depuis près de huit ans.

“Considérant l’échec patent” de cet accord, les signataires s’engagent à “rétablir la sécurité sur l’ensemble du territoire national” par “tous les moyens”, y compris des “moyens de coercition, dans l’hypothèse où le pouvoir exécutif s’obstine à manipuler l’organisation du scrutin pour faire un hold-up électoral”, affirme le communiqué.

Vendredi matin, seuls le Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC), les 3R (Retour, Réclamation, Réhabilitation), et le Front populaire pour la Renaissance de la Centrafrique (FPRC) avaient confirmé à l’AFP leur signature.

Les tensions sont vives en Centrafrique, où le gouvernement accuse l’ancien président François Bozizé, renversé par un putsch en 2013 qui avait marqué le début de la guerre civile, de préparer un “plan de déstabilisation du pays”. La candidature à la présidentielle de M. Bozizé a été invalidée début décembre alors qu’il apparaissait comme le challenger le plus sérieux du président Touadéra, favori du scrutin.

Il y a trois jours, M. Bozizé a accepté cette invalidation et apporté son soutien à un des 16 candidats opposés à M. Touadéra, l’ancien Premier ministre Anicet-Georges Dologuélé. Mais il a également quitté la capitale pour rejoindre son fief du nord-ouest où, selon des sources humanitaires et de sécurité concordantes, il a rencontré les chefs de plusieurs groupes armés.

Ces rencontres ainsi que des mouvements de combattants et escarmouches dans ces territoires, ont alimenté dans les médias locaux et sur les réseaux sociaux la rumeur selon laquelle il organisait un coup de force, comme l’en accuse le camp Touadéra.