Au cours des douze derniers mois, le nord du Cameroun a connu la plus forte poussée de violence de Boko Haram dans le bassin du lac Tchad, notamment sous la forme d’attaques contre les civils.
Le nombre d’évènements violents liés à des groupes islamistes militants dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun a grimpé de 90 %, pour atteindre environ 400 événements, au cours des 12 derniers mois. Cela se compare à une augmentation de 52 % au Nigeria, l’épicentre de l’insurrection.
La flambée de violence dans l’Extrême-Nord coïncide avec une augmentation des combats entre les groupes islamistes militants et les forces de sécurité nigérianes du côté nigérian de la frontière. La pression accrue au Nigeria a très probablement forcé ces militants à entrer au Cameroun, soulignant les dimensions régionales de cette menace pour la sécurité.
Boko Haram s’est déplacé à travers la chaîne de montagnes Mandara dans la région entourant Mora. Plus au nord, le groupe dissident de Boko Haram, l’État islamique d’Afrique de l’Ouest, se déplace simultanément dans la zone autour de la frontière tchadienne près de Fotokol.
La plupart des violences signalées au Cameroun ont pris la forme d’attaques contre des civils (plus de 59 %). Le nombre d’attaques contre les civils au Cameroun au cours des 12 derniers mois (234) est plus élevé qu’au Nigeria (100), au Niger (92) et au Tchad (12) réunis. Ces attaques consistent en des raids de Boko Haram, des enlèvements pour recrutement et rançon, et des pillages de villages et de camps de personnes déplacées.
Ces attaques ont entraîné de nouveaux déplacements de population à l’intérieur du Cameroun, portant à 321 900 le nombre total de Camerounais déplacés dans la région de l’Extrême- Depuis le début de la violence islamiste militante, plus de 5,000 personnes sont décédées au Cameroun.
L’armée camerounaise s’est principalement concentrée sur le mouvement séparatiste anglophone dans l’ouest du pays, estimant l’insurrection de Boko Haram une « menace transfrontalière ». Bien que le gouvernement ait engagé quelques troupes pour protéger la région de l’Extrême Nord, il s’appuie sur des comités de vigilance et les civils comme première ligne de défense pour les villages touchés. Ces communautés en sont devenues des cibles faciles pour Boko Haram.
Sans meilleure coordination et soutient entre les gouvernements de la région et par le biais de la Force Multinationale Mixte, le Cameroun verra probablement la menace de Boko Haram continuer à s’étendre.