Burkina Faso: le désarroi des enseignants fuyant la menace jihadiste

Au Burkina Faso, des centaines d’enseignants ont dû abandonner leurs élèves suite à des attaques de groupes armés et plus de 2 100 écoles ont été fermées après des menaces terroristes. Aujourd’hui, certains professeurs attendent de nouvelles affectations, ne pouvant plus rejoindre leur ancien poste.

Botou est située dans la région de l’est du Burkina Faso. Les enseignants de cette commune ont plusieurs fois reçu la visite d’hommes armés. Le message était clair : plus d’enseignement du français dans les écoles. Craignant pour leur vie, ces enseignants sont partis, abandonnant les élèves. « Ils [les jihadistes] nous avaient demandé de ne plus enseigner le français. Ils sont venus à plusieurs reprises. On a été obligés de fuir. On a repris. Mais quand les élèves se déplaçaient pour venir faire cours, ils les menaçaient et leur ont dit que cela ne servait à rien parce que l’année prochaine, ils n’allaient plus étudier dans la localité. Et pendant la session du bac, ils sont venus brûler notre établissement. »

Mort d’un directeur d’école

Après une première menace, l’école où enseignait Ibrahim (nom d’emprunt) a dû fermer ses portes. Quelques jours après la reprise, le scenario fut le même. Cet enseignant se souvient : « Ils ne veulent pas entendre parler des langues ou des civilisations occidentales. Ils veulent que les gens enseignent l’arabe. On a toujours peur. »

Malgré la menace persistante et la peur, de nombreux enseignants ont été redéployés dans d’autres régions ou établissements relativement sécurisés.

Le 16 octobre dernier, le corps sans vie d’un directeur d’une école primaire a été retrouvé sur l’axe Gorom Gorom-Markoye dans la région du Sahel, quelques jours seulement après la rentrée des classes.