Mali: Sans Tabou: crise scolaire, l’extrémisme du collectif des enseignants

Les enseignants ne veulent faire aucune concession pour la sortie de crise dans laquelle l’école malienne est plongée depuis plusieurs mois. Après les difficultés d’application de la loi avec l’ancien régime, ils viennent encore de refuser les offres du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) pour un retour à la normale. Une position extrémiste des enseignants qui ne semble pas tenir compte de la nouvelle situation du pays.

La situation de l’école malienne va de mal en pis avec les grèves répétitives des enseignants consécutives à non satisfaction par le gouvernement de leurs revendications. A cause de la situation, des milliers d’élèves et étudiants ont été privés de leur droit fondamental à l’éducation. Or, de nombreux acteurs se sont mobilisés et ont entamé des négociations. Résultat : les enseignants sont restés campés sur leur position jusqu’en juin où l’ancien président avait instruit l’application immédiate de l’article 39. La suite est connue. Le régime a été renversé par un coup d’Etat mené par des jeunes officiers réunis au sein du Comité national pour le salut du peuple (CNSP).

Ainsi, ces nouvelles autorités ont décidé d’engager des négociations avec le collectif des enseignants en associant des cadres et des techniciens du secteur. A cause des difficultés financières liées à l’annulation des emprunts, le retrait des partenaires ayant conduit à la suspension également de plusieurs engagements financiers en faveur du pays, il est impossible de faire face dans l’immédiat aux doléances des enseignants.

C’est pourquoi, en dépit de ces difficultés, les nouvelles autorités ont fait deux propositions aux enseignants. Il s’agit notamment, selon notre sources, de l’alignement et le payement des arriérés de 2020 sur les salaires du mois de novembre 2020. Aussi, les autorités s’engagent à payer les arriérés de 2019 en deux tranches : une première tranche en décembre 2020 et une seconde tranche qui sera payée au mois d’avril 2021.

Au lieu de se contenter de ces efforts pour décrisper la situation sur le front scolaire et de permettre aux élèves de reprendre les cours, les enseignants sont restés sur leur position. Ils ne veulent pas le décalage dans l’application de l’article 39. C’est pourquoi, ils ont refusé les offres du comité. ‘’Nous (syndicats de l’éducation signataire du 15 octobre 2016), avons souhaité l’alignement sur les salaires du mois de septembre. Je pense que le comité n’est pas dans cette logique alors que les syndicats sont dans la dynamique de l’application de l’article ce mois de septembre. C’est sur ces notes que nous nous sommes quittés’’, a déclaré le porte-parole du collectif, Adama FOMBA.

Un autre rendez-vous gâché pour la reprise des cours à cause de ce qui peut être présenté comme un extrémisme des enseignants qui refusent toute concession dans l’application de l’article 39. Certes, la loi a été votée et son application doit être de rigueur, mais ils devaient être sensibles au contexte et la situation financière du pays. Les arguments de difficulté de trésorerie qui est d’ailleurs palpable n’ont pas convaincus les enseignants à revoir leur approche. Or, au même moment, des syndicats de plusieurs corps comme les administrateurs civils, les travailleurs des affaires étrangères ont tous annulé leur mot d’ordre de grève en raison des difficultés du moment.