Mali: Me Abdourhamane Ben Mamata Touré après la démission d’IBK : » La transition politique doit être dirigée par un militaire «

Après la » démission » du président de la République Ibrahim Boubacar Keïta, le mardi 18 août dernier, suite à une mutinerie déclenchée par des jeunes officiers supérieurs, l’incertitude demeure sur le choix du nouveau président de transition chargé de conduire les destinées du Mali. C’est pourquoi, un avocat au Barreau Malien, Me Abdourahamane Ben Mamata Touré propose un militaire pour diriger la transition politique. Pour lui, » un militaire a, ce jour est plus crédible que les acteurs de la société civile malienne tant dans sa composante politique qu’associative « .

Lors de sa première déclaration, juste après l’annonce de la » démission » du président IBK, le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), avait annoncé » une transition politique civile », une annonce qui avait attiré l’attention des Maliens. Peu après, dans une autre sortie sur une chaîne étrangère, le porte-parole du CNSP a laissé entendre que » la transition sera dirigée soit par un militaire soit par un civil « . Cette seconde annonce a sonné, par contre, comme un lapsus annonciateur de la direction de la transition telle que souhaitée par l’orateur.

Pour Me Abdourahamane Ben Mamata Touré, » la seconde annonce est plus proche de la réalité et plus adaptée que la première intervenue aux premières heures du coup d’État, même si cette qualification donne lieu à des débats académiquement intéressants mais politiquement inefficaces « . Avant d’affirmer : » Ce qui s’est passé n’est autre chose qu’un coup d’État, ce n’est ni une démission, ni une destitution. Il faut l’assumer « . Et d’ajouter : » Cela dit, nous sommes dans une phase de vulnérabilité aiguë, le désenchantement démocratique est à la hauteur de l’espérance évoquée dans l’hymne national « .

Ainsi, l’avocat a soutenu que la rupture de confiance entre les citoyens et la classe politique est totale. Avant de poursuivre qu’aucune réforme, aucun sursaut ne peut voir le jour sans restauration de la confiance. « La société civile, dans sa composante politique est peu crédible, sa portion religieuse et associative a été sérieusement malmenée ces deux dernières années « , a-t-il regretté. Et de s’interroger : » Alors comment rétablir la confiance en s’appuyant sur cette société civile interpellée ? La réponse à cette question nous plonge dans des hypothèses chronophages et peu efficaces « . En revanche, l’homme de droit a soutenu que nous avons une organisation militaire plus crédible, avec une doctrine rigide et bénéficiant du soutien populaire du moment. » Alors, pourquoi ne pas capitaliser cette masse de confiance en faisant de la société militaire le tiers garant, l’arbitre qui va impulser, accompagner la société civile pour les réformes qui seront dessinées et consolidées de manière inclusive « , a-t-il souhaité. Aussi Me Touré a souligné qu’un moratoire sur les querelles politiques lui semble nécessaire.

A l’entendre, chaque société démocratique a sa pratique démocratique, la nôtre doit faire son chemin, identifier ses outils et surmonter ses difficultés, ses peurs et ses travers. Avant de dire que le rétablissement de la confiance pour la refondation exige deux préalables : le premier porte sur la restauration de la confiance entre le peuple et les gouvernants. Cela implique d’abord une stricte application des règles dans tous les domaines sur le plan interne et international (respect des règles dans la gestion des hommes et des ressources ainsi que des engagements convenables et convenus avec la communauté internationale) ; Pour ce qui est du deuxième préalable, Me Abdourahamane Ben Mamata Touré a expliqué qu’il s’agit de tenir un langage de vérité aux Maliens, qui doivent être informés de ce qui est décidé en leur nom, tant au plan interne qu’avec la communauté internationale. » Les cachoteries et atermoiements ont fragilisé l’autorité de l’Etat. Il faudrait dorénavant tenir un langage de vérité, seul capable de soulager et conditionner l’union sacrée « , a- t- il soutenu.

A cet effet, l’avocat dira qu’il reste convaincu que la direction militaire de la transition politique est restauratrice de la confiance. Et de renchérir : » Ce besoin interne de restauration de la confiance sous la direction d’un militaire suscite la peur des représailles de la communauté internationale. On peut s’en inquiéter à juste raison mais la communauté internationale cède toujours devant les peuples déterminés « .

Aussi, a-t-il estimé, les condamnations éventuelles de l’idée d’une transition politique dirigée par un militaire doivent tenir compte du fait qu’aucune société ou organisation ne peut survivre sans ses idées, ses rituels propres. » A l’évidence, le militaire à ce jour est plus crédible que les acteurs de la société civile malienne, tant dans sa composante politique qu’associative. Notre pays est en guerre, alors rendons nous à l’évidence, observons une pause politique sous arbitrage militaire « , a conclu Me Touré.