Finances : Tunis recherche 800 millions de dollars pour boucler son budget

La Tunisie s’apprête à effectuer sa première sortie de l’année sur les marchés internationaux pour y emprunter 800 millions de dollars (714 millions d’euros). Une opération « prévue dans la loi de finance », précisent les services de Ridha Chalghoum.

La commission des finances de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a accepté, le 22 mai, le principe d’un emprunt obligataire de 800 millions de dollars après l’audition du ministre des Finances, Ridha Chalghoum. Le vote des députés ne devraient pas poser de difficultés.

Pourtant, au début du mois, la commission des finances n’avait pas validé cette opération : « C’est seulement parce que le quorum des présents n’était pas atteint », a justifié auprès de Jeune Afrique Hedi Ben Braham, vice-président de la commission des finances.
Trois conditions

Mais sous couvert d’anonymat, des membres expliquent leurs craintes de voir la dette du pays se creuser encore davantage. Les réserves en devises ne représentent actuellement que 2,5 mois d’importations. Les élus récalcitrants auraient, au moins, voulu que le montant ne dépasse pas les 500 millions de dollars. Finalement, la commission a assorti son accord de trois conditions : un emprunt de 800 millions de dollars maximum, éventuellement en plusieurs émissions ; le remboursement en plusieurs échéances et une maturité supérieure à cinq ans.

« Cette opération n’accentuera pas la dette car elle a été prévue dans la loi de finance », assure-t-on au ministère des Finances qui n’a encore décidé ni de la date, ni du montant de l’emprunt. Selon le budget 2019, la dette extérieure – qui représente 71,7 % de la dette publique – augmentera de 11 % par rapport à 2018. Le service de la dette extérieure, évalué à 4,4 milliards de dinars (1,27 milliard d’euros), progressera, lui, de 44 %.

La dernière sortie sur les marchés internationaux remonte à octobre 2018 pour un montant 500 millions d’euros à un taux de 6,75 % remboursable sur cinq ans. Des conditions jugées assez mauvaises à l’époque. Avec une croissance atone de 1,1 % au premier trimestre et un déficit commercial qui ne cesse de se creuser, les experts ne s’attendent pas à un meilleur résultat cette fois-ci.