Mali : Les réseaux sociaux et les fake news au Mali

Le Malien est de nos jours roi dans ce qu’on peut appeler l’invention et la propagation de fausses informations. À cause du mauvais usage des réseaux sociaux, il nous arrive même de tuer certaines personnes alors qu’elles sont bien vivantes. Qu’en est-il vraiment ?
Les réseaux sociaux ont nouvellement fait leur entrée dans la vie des Maliens. On les utilise pour s’informer, se former, regarder des vidéos, jouer… Mais, depuis quelques temps, c’est dans la propagation des fake news qu’on s’est jeté. Cela par la volonté d’un petit groupe de personnes qui vivent dans un quartier périphérique de Bamako. On se lance des défis pour voir qui va faire le meilleur buzz sur la toile. La semaine dernière, tout le Mali a appris, et cela avec une grande stupéfaction, la mort de Bakoré Sylla, l’homme d’affaires Président directeur général du Grand grenier du bonheur (GGB). Quelle n’a été sa surprise à lui aussi de l’apprendre! C’était une fausse information. Il fut obligé de faire un communiqué pour dire qu’il était bien vivant.

Il y a deux jours, c’était le tour de Koko Dembélé, le reggaeman Malien. On l’a dit mort et la nouvelle fit le tour du pays alors qu’il préparait un concert à Koro, au pays dogon. L’annonce de la nouvelle obligera l’artiste à interrompre ses répétitions pour démentir l’information. Sur une vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux, on le voit d’ailleurs appelant au téléphone. « C’est Koko Dembélé. Bonjour, je suis bien vivant, je suis là. Je suis à Koro, je joue ce soir avec tout mon groupe. Oui, Dieu merci », l’entend-on dire.

Quel intérêt ?

Quel intérêt y a-t-il à diffuser des fausses informations, surtout lorsque celles-ci sont mauvaises ? Il s’agit pour le groupe auteur de ces fake news de se faire de la publicité et de voir qui a le plus grand réseau de diffusion d’informations. Ce sont des paris qui concernent de grandes sommes et les statistiques déterminent qui a gagné. Il faut dire que nous sommes en train de dépasser Miami dans le nombre de casinos, si on peut appeler ce phénomène ainsi. Une annonce de décès est un grand choc pour les proches de la « victime » et laisse souvent des traces.

« L’information nous a vraiment fait tiquer. Ce fut un choc pour certains d’apprendre la mort d’un proche, alors qu’il n’en était rien. Quelqu’un qui est là pour un festival, prêt même à monter sur le podium, on annonce sa mort sur les réseaux sociaux. C’est désolant. Ce n’est plus du social, c’est un crime », lance Hama Guindo, de la radio Orona de Koro. Joint au téléphone, Koko prend l’information avec beaucoup de philosophie. « Je suis serein, je reste comme tel. Je n’ai pas peur de la mort, car je sais que tôt ou tard je vais mourir. Il y a bien de gens plus importants que nous qui sont morts et notre tour va arriver. Je le sais et je l’attends. Je remercie tous mes fans à travers le monde. Ils m’ont appelé des USA, de Jamaïque, des Caraïbes… et surtout du Mali. Je dis à tout le monde

que je vais bien, par la grâce de Dieu », nous a-t-il confié.

Koko Dembélé appellera par la suite les Maliens à ne pas toujours prendre ce qui se dit sur les réseaux sociaux pour vrai, car, selon lui, il y a trop d’intox. « Allez toujours à la source d’une information avant d’y croire », conseille-til.