Le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, premier civil à accéder démocratiquement au pouvoir depuis l’indépendance, a affiché jeudi son intention de former une armée “républicaine, apolitique et opérationnelle” dans ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest abonné aux coups d’Etat.
“Dans le programme que j’ai élaboré, j’ai été très clair: nous avons besoin d’une armée républicaine, d’une armée apolitique et opérationnelle, c’est-à-dire dotée de moyens pour assurer la sécurité des Burkinabè et celle du territoire”, a déclaré devant la presse M. Kaboré, également ministre de la Défense, après un long entretien avec les hauts cadres de l’armée et de son ministère.
“Je suis venu voir les préoccupations (des forces armées nationales) qui sont d’ordre matériel et organisationnel (…) et relancer la question de la nécessaire réforme de l’armée”, a déclaré le président Kaboré, dont le pays est confronté à des attaques jihadistes et reste fragile après la tentative de coup d’Etat de septembre.
Premier civil à être élu démocratiquement au Burkina Faso, M. Kaboré a pris la tête d’un pays où la voix de l’armée est quasi-prépondérante en matière politique: depuis l’indépendance du pays en 1960, six des huit dirigeants du Burkina Faso sont des militaires.
De grandes réformes ont déjà été engagées depuis près d’une année pour déconnecter l’armée de la politique. Un loi votée en avril contraint tout militaire voulant s’engager en politique de démissionner préalablement de l’armée.
Début décembre, le gouvernement a mis en place une Commission de réformes des forces burkinabè en vue d’interdire aux militaires d’active de s’engager en politique.
M. Kaboré a également souligné jeudi la nécessité de tenir “compte des aspects intergénérationnels”, alors que de jeunes officiers, qui ont notamment fait échec au putsch de septembre, souhaitent pouvoir intégrer la direction des forces armées.