Renseignements mal exploités, problèmes de coordination, équipement insuffisant: l’attaque jihadiste inédite à Ouagadougou a mis en lumière les défis auxquels sont confrontées les forces de sécurité burkinabè en pleine reconstruction, certaines sources sécuritaires allant jusqu’à parler de “gros cafouillage”.
Si le Burkina n’avait jamais connu une attaque d’une telle ampleur (29 morts), le pays se savait menacé: il avait subi récemment plusieurs attaques à ses frontières et les infiltrations de groupes en provenance du Mali étaient connues. L’ambassade de France déconseillait d’ailleurs aux voyageurs de se rendre dans une grande partie du pays.
De nombreux témoins de l’attaque de vendredi soir ont critiqué les forces de sécurité qui ont tardé plusieurs heures avant d’intervenir: les premiers arrivés sur place – certains par conscience professionnelle, sans y avoir été envoyés par leur hiérarchie – étaient très mal équipés, assurent ces témoins.
“Les policiers avaient des vieilleries, mais on aurait dit que les armes des jihadistes sortaient de la boîte. Ça brillait. Ils avaient des doubles chargeurs”, souligne Lucien Trabi, un survivant blessé d’une balle dans l’épaule.
“Nos hommes avaient envie d’en découdre. Nous avons été formés pour cela”, affirme une source au sein de la gendarmerie. “On avait un problème de matériel: pas d’appareils de vision nocturne, pas de boucliers balistiques, pas de matériel d’effraction” pour ouvrir les portes.
La réforme des forces de sécurité est un des principaux chantiers du président Roch Marc Christian Kaboré, premier civil élu président depuis l’indépendance dans un pays à l’histoire émaillée de coups d’Etat.
Élu en novembre, investi fin décembre, il n’a pas encore eu le temps de véritablement gouverner ce pays pauvre de 18 millions d’habitants. Le gouvernement de transition issu du soulèvement populaire d’octobre 2014 a essentiellement expédié les affaires courantes pendant un an, après 27 années de régime Blaise Compaoré.