La Guinée-Bissau traverse une nouvelle phase de turbulence politique après que l’armée, ayant renversé le président Umaro Sissoco Embalo, a annoncé jeudi la nomination du général Horta N’Tam comme président de transition. Cette décision survient alors qu’Embalo, destitué et arrêté par les militaires, a quitté le pays pour se réfugier au Sénégal, où il a été transporté « sain et sauf » à bord d’un vol affrété par les autorités sénégalaises.
Le général N’Tam, ancien chef d’état-major de l’armée de terre, qui a prêté serment au siège de l’état-major, a déclaré : « Je viens d’être investi pour assurer la direction du Haut commandement militaire pour la restauration de l’ordre ». Le général a souligné que la Guinée-Bissau traverse une période de crise et que des mesures urgentes sont nécessaires pour rétablir la stabilité dans le pays, appelant à une mobilisation générale pour faire face à cette situation difficile.
Bien que N’Tam ait été proche d’Embalo ces dernières années, sa nomination marque un tournant pour le pays, où les militaires ont justifié leur coup d’État par la nécessité de garantir la sécurité nationale et de lutter contre des tentatives de déstabilisation liées au trafic de drogue. Selon les autorités militaires, les « renseignements généraux » ont mis en lumière un complot visant à perturber l’ordre public, ce qui a conduit à l’intervention du Haut commandement militaire (HCM).
Dans un contexte de tensions politiques croissantes, le HCM a annoncé l’interdiction de toutes manifestations, marches, grèves ou actions perturbant la paix et la stabilité du pays. Parallèlement, la junte a nommé un nouveau chef d’état-major de l’armée, le général Tomas Djassi, précédemment chef d’état-major particulier d’Embalo.
L’arrestation de plusieurs personnalités politiques a également marqué ce coup d’Etat. Parmi elles, Domingos Simoes Pereira, le principal leader de l’opposition et dirigeant du PAIGC, le parti historique qui a joué un rôle clé dans l’indépendance du pays, a été interpellé. Pereira, qui avait été écarté des élections de dimanche dernier, avait soutenu le candidat dissident M. Dias.
La communauté internationale a réagi avec fermeté à ce renversement du pouvoir.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a condamné la prise de pouvoir militaire, qualifiant l’événement de « violation inacceptable des principes démocratiques ». Il a appelé à une « restauration immédiate et inconditionnelle de l’ordre constitutionnel » en Guinée-Bissau.
De son côté, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a décidé de suspendre la Guinée-Bissau de tous ses organes décisionnels et a annoncé le lancement d’une mission de médiation pour rétablir l’ordre constitutionnel dans le pays.
