Guinée-Bissau : Un coup d’Etat militaire suspend le processus électoral et interrompt la transition démocratique

Guinée-Bissau : Un coup d’Etat militaire suspend le processus électoral et interrompt la transition démocratique

Mercredi, un groupe de militaires en Guinée-Bissau a annoncé avoir pris le « contrôle total » du pays, arrêtant le président sortant Umaro Sissoco Embalo et suspendant le processus électoral en cours. Cette annonce intervient alors que le pays attendait les résultats des élections présidentielles et législatives, organisées dimanche dernier.

La Guinée-Bissau, un petit pays de l’Afrique de l’Ouest, situé entre le Sénégal et la Guinée (Conakry), est habituée aux crises politiques. Depuis son indépendance en 1974, elle a connu plusieurs coups d’État et une série de tentatives de putsch.

Les événements se sont précipités en début d’après-midi. Des tirs ont retenti près du palais présidentiel à Bissau, la capitale, avant que des militaires ne prennent position sur la principale artère menant au siège du pouvoir. En réponse, des centaines de civils ont fui la zone, certains à pied, d’autres en voiture, cherchant à échapper aux échanges de tirs qui ont duré plusieurs heures.

Peu après, un communiqué a été diffusé par le général Denis N’Canha, chef de la maison militaire de la présidence. Accompagné de militaires armés, il a annoncé que l’armée, sous la forme d’un « Haut commandement pour la restauration de l’ordre », assumait désormais la direction du pays « jusqu’à nouvel ordre ». Le président Embalo, qui était largement vu comme le favori du scrutin présidentiel, a été placé en détention « à l’état-major », a précisé un membre de l’armée, tout en assurant qu’il était « bien traité ».

L’armée a expliqué son action en évoquant une « menace à la sécurité nationale », liée à la découverte par les services de renseignement d’un complot visant à déstabiliser le pays. Selon le général N’Canha, ce plan impliquerait des figures influentes du trafic de drogue, un problème récurrent dans la région.

Les conséquences de ce coup d’Etat se font sentir à l’international. Plus de 6780 soldats de la force de stabilisation de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) étaient déployés en Guinée-Bissau pour garantir la sécurité durant la période électorale. La communauté internationale a réagi fermement. L’Union africaine, la CEDEAO, ainsi que le Forum des sages de l’Afrique de l’Ouest ont exprimé leur « profonde préoccupation » dans un communiqué commun. Ces organisations ont condamné ce qui semble être une « tentative flagrante de perturber le processus démocratique » et ont appelé à la restauration rapide de l’ordre constitutionnel.

Ce coup d’Etat marque un nouvel épisode dans la turbulence politique de la Guinée-Bissau, un pays où la stabilité reste fragile et où les espoirs d’une transition démocratique sont une fois de plus remis en question.