Soudan: le gouvernement entend faire cesser «l’ingérence des Émirats arabes unis dans le conflit»

Soudan: le gouvernement entend faire cesser «l’ingérence des Émirats arabes unis dans le conflit»

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a appelé le 12 novembre à l’arrêt des livraisons d’armes aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan, pays en proie à un conflit qui s’est encore aggravé ces dernières semaines. Évoquant une situation « effroyable », le secrétaire d’État américain a estimé que « le problème fondamental est que les FSR s’engagent puis ne respectent jamais leurs engagements ». Marco Rubio a refusé cependant d’évoquer spécifiquement les Émirats arabes unis, un proche partenaire des États-Unis dans le Golfe qui est accusé par les ONG et les experts de l’ONU de soutenir les FSR. Les FSR ont affirmé la semaine dernière soutenir une proposition internationale de trêve humanitaire, mais ont intensifié leur offensive dans la grande région centrale et stratégique du Kordofan.

Pour le Conseil souverain soudanais par intérim dirigé par le Général Abdel Fattah al-Burhan également chef de l’armée du Soudan, il ne suffit pas aux États-Unis de dénoncer les ingérences étrangères, mais encore faut-il qu’ils stoppent l’ingérence d’Abu Dhabi dans la guerre.

Le Général al Burhan a révélé, le 11 novembre dernier, qu’à la demande de Khartoum, Washington avait organisé récemment une rencontre avec un haut responsable émirien. Il s’agit du Cheikh Shakhbout Ben Nahyan, Ministre d’État chargé du renseignement, à qui la délégation soudanaise a remis 21 clés USB contenant des preuves sur l’implication d’Abu Dhabi dans la guerre aux côtés des paramilitaires.

La réunion a eu lieu en présence de Masaad Boulos, l’envoyé spécial américain pour l’Afrique. Le responsable émirien n’a pas nié, mais il a quitté la réunion sans un mot, affirme le général al Burhan.

Le gouvernement entend chasser les FSR

Autre révélation, le chef de l’armée soudanaise a confié à l’envoyé spécial américain que sa médiation était vouée à l’échec s’il ne prenait pas en compte la feuille de route du gouvernement soudanais. « La chute d’El-Fasher n’affaiblira pas la position de l’État et l’armée va combattre jusqu’à la reprendre », lui a-t-il aussi annoncé.

En février dernier, le gouvernement soudanais a présenté une feuille de route pour une transition politique au Soudan. Elle promet un dialogue national inclusif, avec pour objectif la mise en place d’un gouvernement civil et l’organisation d’élections libres. Condition préalable : le retrait des paramilitaires de toutes les villes et localités qu’ils ont prises.