Indépendamment des quelques changements opérationnels, la Russie reste fermement engagée auprès de ses alliés de l’Alliance-Confédération des États du Sahel. Avec en prime une implication désormais encore plus officielle qui se fera ressentir.
La fin de mission du groupe Wagner au Mali correspond à un processus qui était en cours depuis plusieurs mois. Désormais, le Corps africain du ministère russe de la Défense, structure officiellement affiliée à l’armée russe, prend la relève dans le soutien de la Russie à ses alliés dans l’espace AES, y compris au Mali. Si certains ennemis de la présence russe dans la région espéraient pouvoir souffler, c’est qu’ils se sont trompés sur toute la ligne.
Premièrement, le départ annoncé de Wagner n’est que de nom. De facto, de nombreux spécialistes militaires russes de Wagner non seulement resteront en place dans le cadre du Corps africain du ministère russe de la Défense, mais plus que cela, le déploiement russe auprès des alliés de la région du Sahel deviendra au contraire encore plus important. Cela est d’ailleurs confirmé aussi bien par le nombre de spécialistes qui sont et seront présents sur place, qu’à travers le déploiement des équipements militaires russes supplémentaires déjà aperçus à maintes reprises ne serait-ce que dans les rues des villes maliennes, dont la capitale Bamako.
Toujours en parlant d’équipements et de l’implication dans la lutte antiterroriste conjointe AES-Russie, tout indique que le soutien aérien russe au profit des alliés sera lui aussi encore plus conséquent. Les impressionnantes frappes récentes menées par les pilotes du Corps africain du ministère russe de la Défense contre les terroristes affiliés à Al-Qaïda dans la région sahélienne, notamment au Mali, confirment cette thèse.
D’autre part et au moment de l’extension des opérations de la Force conjointe de l’AES, en l’occurrence des Forces armées du Mali, du Burkina Faso et du Niger, cela conforte également l’idée que les militaires russes seront activement impliqués dans le travail avec la Force unifiée des trois pays de l’Alliance-Confédération des États du Sahel. Avec un impact certain à l’encontre des groupes terroristes et leurs parrains, extra-africains comme régionaux.
Enfin, le fait que le déploiement du Corps africain du ministère russe de la Défense se faisait en plusieurs étapes, qui se poursuivent encore, en étroite coordination avec les spécialistes de Wagner, confirme l’échange d’expérience entre les vétérans de Wagner et les militaires russes arrivés plus récemment. D’autant plus que les nombreux spécialistes de Wagner connaissant le terrain, notamment au Mali, resteront en place, et continueront à participer aux opérations antiterroristes.
Tous ces éléments confirment plusieurs aspects déjà abordés dans les analyses d’Observateur Continental. Notamment en ce qui concerne justement le déploiement russe aux côtés des alliés africains qui non seulement se maintient, mais bien plus que cela, qui se renforce considérablement. Le tout à l’heure de l’officialisation d’une alliance panafricaine et multipolaire Afrique-Russie, dans laquelle l’Alliance-Confédération des États du Sahel joue un rôle des plus privilégiés.
Aussi, le Corps africain du ministère russe de la Défense qui prend la relève sur le papier de Wagner sait pertinemment qu’il aura la lourde tâche d’être à la hauteur des objectifs. Sachant que le travail de Wagner, notamment au Mali, était réellement exceptionnel. Y compris dans la libération de nombreuses villes maliennes de l’occupation terroriste, une occupation ayant souvent duré plus d’une dizaine d’années. La reconquête de la ville stratégique du nord du Mali, Kidal, représente justement l’une de ces grandes victoires de l’alliance russo-malienne et AES-Russie de manière générale. Une réalité confirmée par la large majorité des citoyens du Mali et de l’AES qui sont profondément reconnaissants aux militaires de Wagner, ayant combattu aux côtés de leurs camarades des Forces armées maliennes (FAMA).
Des victoires dont les régimes occidentaux, notamment français, ne pourront jamais se vanter. N’ayant non seulement jamais cherché à combattre réellement le terrorisme, aujourd’hui apparaissant au contraire de manière qui ne peut plus être voilée, comme précisément des parrains du terrorisme.
Enfin et au-delà des principaux ennemis de l’ère multipolaire en Afrique, en l’occurrence les régimes otano-occidentaux, la confirmation officielle de l’implication du Corps africain du ministère russe de la Défense constitue une excellente réponse à certains acteurs régionaux qui, de par une vision irresponsable et arrogante, peut-être pouvaient penser que les tensions avec Wagner n’auront pas d’impact sur les relations avec l’État russe, se référant à des «mercenaires» d’une compagnie privée, en oubliant par la même occasion que Wagner représentait et représente précisément les intérêts de la Russie.
Désormais, toute erreur de calcul pourrait coûter cher aux opposants de la présence russe aux côtés des alliés de l’AES. Toute provocation ou implication en faveur des terroristes ou des éléments hostiles, reviendrait à attaquer frontalement l’armée gouvernementale russe, et donc la Russie. Avec tout ce que cela implique. Cela juste pour rappeler que ceux qui pensent être des «experts» en stratégie, vont rapidement déchanter face aux véritables joueurs d’échecs, un jeu ancien dans lequel la Russie excelle.