Mali: après les exécutions de l’armée à Diafarabé, le village est soumis à un blocus jihadiste

Mali: après les exécutions de l’armée à Diafarabé, le village est soumis à un blocus jihadiste

Au Mali, le calvaire des habitants de Diafarabé, dans la région de Mopti, se poursuit. Après les exécutions sommaires d’une vingtaine de civils par l’armée malienne il y a deux semaines (le 12 mai), révélées par RFI et qui avaient même suscité l’annonce par l’armée de l’ouverture d’une enquête, les jihadistes du Jnim ont instauré un blocus sur le village. Des frappes de drone de l’armée ont également été rapportées, qui ont fait au moins deux morts. Les habitants sont pris en tenailles entre l’armée et le Jnim.

Les frappes de drone ont eu lieu lundi soir 26 mai vers 22 heures en périphérie de Diafarabé, à Danguere Tomana précisément. Elles auraient fait au moins deux morts dont un enfant de douze ans – certaines sources avancent un bilan plus élevé.

Selon les informations recoupées auprès de nombreux habitants et ressortissants de Diafarabé, élus de la zone, représentants communautaires et sources humanitaires, il s’agissait de bergers rassemblés sous un arbre près de leurs animaux. Certains avaient des liens familiaux avec les hommes égorgés par les militaires maliens il y a deux semaines, alors qu’ils avaient été arrêtés sans armes un jour de marché. Sollicitée par RFI, l’armée malienne n’a pas donné suite et n’a pas communiqué officiellement sur ces tirs.

Les militaires empêchent les habitants de sortir

Selon plusieurs sources locales, depuis ces exécutions sommaires, les militaires maliens présents à Diafarabé empêchent les habitants de quitter la ville. Pour ne pas permettre à de présumés jihadistes ou complices de fuir, selon les uns, pour se servir des villageois comme bouclier humain contre le Jnim, selon les autres. « Les soldats ne savent plus qui est jihadiste et qui ne l’est pas », commente une source sécuritaire malienne. Les habitants voulant sortir de Diafarabé seraient obligés de laisser leurs pièces d’identités aux Fama contrôlant l’entrée du village, selon certains témoignages.

Blocus du Jnim

En tout état de cause, depuis lundi, c’est le Jnim qui impose un blocus sur la ville : aucun communiqué ni aucun audio officiel du groupe lié à al-Qaïda n’ont été diffusés, comme c’est souvent le cas, mais de nombreuses sources rapportent que les jihadistes empêchent les véhicules d’entrer ou de sortir de Diafarabé. Toutes les voix d’accès sont bloquées. Lundi, aucun commerçant extérieur n’a pu accéder au village pour la foire hebdomadaire. Le Jnim avait bien promis des représailles contre l’armée, mais ce blocus pénalise évidemment les populations civiles.

Une forme de double peine pour les habitants de Diafarabé, pris en tenailles entre l’armée et les jihadistes.

Les habitants de plusieurs villages environnants ont également été sommés par des émissaires du Jnim de quitter les lieux, sous peine d’être considérés comme des soutiens de l’armée. Des déplacés en provenance de Kara, village tout proche de Diafarabé, sont arrivés ces derniers jours dans la commune de Macina.