RDC: la guerre dans l’est du pays se joue aussi sur les réseaux sociaux

RDC: la guerre dans l’est du pays se joue aussi sur les réseaux sociaux

En République démocratique du Congo, les membres du groupe M23 soutenus par le Rwanda ont pris le contrôle de nombreux quartiers de Goma cette semaine. Face à cette situation jugée préoccupante, la Communauté de développement de l’Afrique australe se réunit ce vendredi 31 janvier, à Harare au Zimbabwe. Ces affrontements s’accompagnent d’une guerre informationnelle sur les réseaux sociaux. Les infox se multiplient notamment à propos de l’implication de puissances étrangères dans le conflit.

Alors que le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, est arrivé à Kigali après s’être rendu à Kinshasa, plusieurs publications mensongères affirment que la France aurait décidé de « soutenir militairement le Rwanda face à la RDC ». À en croire ce message activement relayé sur Facebook et TikTok, « trois avions militaires français, chargés de munitions, seraient en route vers Kigali et certains auraient déjà atterri ». Leur objectif serait de « faire tomber Goma coûte que coûte ». La photo qui accompagne ce post montre un A-400M Atlas, un avion de transport français, au sol, sur le tarmac d’un aéroport.

Vérification faite, cette fausse information a été fabriquée de toutes pièces. La rumeur ne s’appuie sur rien de factuel puisqu’aucun avion militaire français n’a été vu à Kigali. De plus, la photo partagée sur les réseaux sociaux n’a rien à voir avec la situation en RDC. Grâce à une recherche par image inversée, on retrouve sa trace dans plusieurs articles de presse publiés en 2022. Elle a été prise sur la base de Calvi en Corse, et non au Rwanda. Ni l’armée française, ni l’armée rwandaise n’a d’ailleurs communiqué sur une quelconque livraison de munitions.

« Aucun avion français ne transporte des munitions vers Kigali »

Contacté par la rédaction de Balobaki, un média de fact-checking congolais, le porte-parole du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, a démenti ces allégations. « Aucun avion français ne transporte des munitions vers Kigali », a assuré Christophe Lemoine. La France a d’ailleurs fermement condamné l’offensive menée par le M23 et appelé les forces rwandaises a « quitté instamment » la RDC.

Ces fausses accusations d’implications militaires visent également d’autres pays, à commencer par l’Afrique du Sud. Plusieurs publications, cumulant plus d’un million de vues, affirment notamment que les Forces de défense nationales sud-africaines auraient envoyé « quatre avions de combat en RDC pour soutenir l’armée congolaise ». Sauf qu’une nouvelle fois, c’est faux. Aucun chasseur sud-africain n’a été aperçu à Goma.

Si la photo publiée sur les réseaux sociaux montre bien un escadron de Gripen, des avions de combat suédois que possède Pretoria, le cliché a été pris il y a plus de dix ans.

Face à la viralité de cette fausse information, l’armée sud-africaine a publié un démenti sur ses réseaux sociaux.
Un contexte propice à la désinformation

Ces deux infox sont loin d’être les seules à circuler sur les réseaux sociaux. La situation en cours dans l’est de la RDC est particulièrement propice à la désinformation. Énormément d’images circulent, dont beaucoup sont sorties de leur contexte. Certains n’hésitent pas également à détourner l’image de certains médias, comme RFI, pour diffuser de fausses informations. Raison pour laquelle il faut rester prudent et penser à remonter à la source en cas de doute.