Les troupes de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), la coalition rebelle à laquelle appartient le M23, ont lancé une nouvelle offensive dans le Nord-Kivu, région déjà en proie à une instabilité chronique. Après de violents affrontements contre les miliciens pro-gouvernementaux, les « Wazalendo », deux localités stratégiques sont tombées sous le contrôle de l’AFC ce week-end, avant une contre-offensive des pro-gouvernementaux.
Ces positions stratégiques, situées dans une région riche en carrières d’or et de cassitérite de l’est de la RDC, rapprochent les affrontements encore davantage de Pinga, la plus grande agglomération de la zone, située à une trentaine de kilomètres de ces localités. Des crépitements de balles étaient encore entendus ce mardi matin.
Samedi et dimanche 20 octobre, les forces rebelles ont occupé Kalembe et Ihula, deux localités distantes de moins de dix kilomètres l’une de l’autre, dans le territoire de Walikale. Ces actions arrivent en plein cessez-le-feu, signé entre Kinshasa et Kigali. Mais l’Alliance Fleuve Congo (AFC), par la voix de ses cadres, affirme ne pas se sentir liée par cet accord. Les troupes rebelles disent ne respecter que leur propre cessez-le-feu unilatéral, qu’elles avaient elles-mêmes proclamé.
Les combats des derniers jours sont, selon l’AFC, une réponse à ce qu’elle qualifie de « provocation » des milices pro-gouvernementales « Wazalendo ». Ces milices sont composées en partie de combattants du NDC-R et de l’APCLS, deux groupes armés locaux. Des sources locales indiquent que l’objectif final de cette nouvelle offensive serait de tenter d’absorber les milices locales et de poursuivre leur progression dans la région.
Les efforts diplomatiques compromis ?
Ces mouvements militaires interviennent alors même que le président angolais Joao Lourenço redouble d’efforts pour relancer le processus de paix. Il s’était entretenu le week-end dernier par téléphone avec les présidents rwandais et congolais dans le but d’accélérer la recherche de la paix.
Du côté du gouvernement congolais, on réaffirme qu’il n’y a pas de négociation possible en dehors du cadre fixé par le processus de Luanda, mécanisme qui régit les discussions entre Kinshasa et Kigali.
Les autorités congolaises disent attendre, de la part de la facilitation, d’ici au 26 octobre, une « proposition de concept des opérations », un document stratégique censé refléter les préoccupations des deux parties. Reste à savoir si cette nouvelle dynamique militaire sur le terrain influencera la suite du dialogue diplomatique.