L’ONG Transparency International estime que la junte au pouvoir a “ouvert un boulevard à la grande corruption” en signant une “dérogation à la législation relative aux marchés publics” pour les achats de matériel militaire et des résidences officielles.
Le bureau nigérien de l’organisation de lutte contre la corruption juge que l’ordonnance signée en février par le chef de la junte au pouvoir, le général Abdourahamane Tiani, favorise “les détournements en toute impunité”, dans un rapport consulté mercredi par l’AFP.
Le Conseil national pour la défense de la Patrie (CNSP), à la tête du régime militaire depuis le coup d’Etat de juillet 2023, a ordonné que “les dépenses ayant pour objet l’acquisition d’équipement ou de matériel ou de toute autre fourniture, la réalisation de travaux ou de services destinés aux forces de défense et de sécurité (soient) exclues du champ d’application de la législation relatives aux marchés publics”, selon ce texte.
Le document précise que ces dispositions “s’appliquent également aux acquisitions, travaux et de toute autre prestation au profit du Palais (présidentiel) et des résidences officielles” et sont désormais “exonérées des impôts, taxes et redevances”.
Ces dépenses, “échappent à la législation sur la passation des marchés publics”, s’inquiète l’ONG.
Elle reproche également aux putschistes d’avoir “instauré un régime d’exception” dans lequel les affaires publiques sont conduites “par des ordonnances, des décrets et des arrêtés”.
En juillet, les organisations Human Rights Watch (HRW), Amnesty International et la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH, ont alerté sur la répression du régime nigérien, notamment contre “l’opposition et la dissidence pacifique”, après le coup d’Etat.
Depuis ce renversement du président élu Mohamed Bazoum, le 26 juillet 2023, la junte nigérienne s’est rapprochée de ses voisins malien et burkinabè – avec qui elle a formé la confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) – et a chassé les armées française et américaine de son sol.
Niamey s’est également rapproché de la Russie, qui a acheminé des instructeurs et du matériel militaire en avril et mai, et est également un partenaire du Burkina et du Mali.
Selon l’organisation Acled qui répertorie les victimes des conflits dans le monde, quelque 1.500 civils et militaires sont morts dans des attaques jihadistes depuis un an au Niger, contre 650 entre juillet 2022 et 2023.