Douze personnes, dont l’organisateur de la traversée et son épouse, de nationalité tunisienne, ont été arrêtées pour une tentative d’émigration au départ de Djerba, en Tunisie, qui s’est terminée par la mort par noyade d’au moins quinze migrants tunisiens, a annoncé mercredi la Garde nationale.
Le président tunisien Kais Saied, qui brigue un nouveau mandat dimanche lors d’un scrutin présidentiel, a reçu le ministre de l’Intérieur dès lundi donnant l’ordre de poursuivre les recherches et de découvrir “les circonstances de cet incident douloureux et étrange”. Il a également noté que jusqu’à récemment, l’île touristique très contrôlée de Djerba n’était pas un point de départ de l’émigration clandestine.
Lundi, les gardes-côtes avaient secouru 31 occupants d’une embarcation ayant coulé à environ 500 mètres du littoral, mais ont également repêché les corps de 15 autres, selon un nouveau bilan, dont au moins trois nourrissons. Les recherches se poursuivent car, selon des médias locaux, au moins 60 personnes étaient à bord. Outre les 12 organisateurs ou intermédiaires arrêtés, trois véhicules servant au transport des migrants ainsi que “d’importantes sommes d’argent” ont été saisis.
Toujours lundi, les gardes-côtes ont sauvé un autre groupe de 22 migrants tunisiens dont sept femmes et sept enfants partis de l’archipel des Kerkennah (sud-est), pourtant particulièrement surveillé par les forces de sécurité. Mardi, 36 migrants dont 20 Tunisiens et 16 Egyptiens, partis de Bizerte (nord), ont été secourus par les gardes-côtes sur un bateau en panne qui avait dérivé vers Nabeul (centre-est).
Avec la Libye, la Tunisie dont le littoral est situé à certains endroits à moins de 150 km de la Sicile, en Italie, est le principal point de départ en Afrique du nord des migrants cherchant à traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Chaque année, des dizaines de milliers de personnes originaires de pays d’Afrique subsaharienne tentent la périlleuse traversée. Des milliers de Tunisiens cherchent également à quitter clandestinement leur pays, face aux difficultés économiques et aux tensions politiques depuis un coup de force du président Saied à l’été 2021.
Entre début 2024 et juin, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) a recensé environ 400 décès ou disparitions de migrants dans des naufrages au large du littoral tunisien, après au moins 1.300 morts ou disparus en 2023. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), sur la dernière décennie, plus de 30.000 migrants ont péri en Méditerranée, dont plus de 3.000 l’an passé.