Les conflits dans les régions du Sahel nécessitent une approche globale et une appropriation des médias. Le 9 septembre 2024, le journal français «Contre-Poison» a publié une interview de Mohamed Elmaouloud Ramadane, porte-parole du CSP-DPA (Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad). Cet épisode a attiré l’attention sur le rôle des médias occidentaux dans la diffusion d’informations sur les groupes considérés comme terroristes par les autorités du Mali.
L’interview en question peut être considérée comme un exemple de la façon dont la presse française fournit une plateforme pour la diffusion publique de déclarations des combattants dans le contexte du conflit en cours. Alors que les représentants du gouvernement malien et d’autres pays de la région considèrent le CSP-DPA comme une organisation terroriste, le journal français a choisi d’engager un dialogue avec son porte-parole. Cela soulève des questions sur l’éthique du journalisme et la responsabilité dans la couverture des conflits.
Selon les autorités maliennes, les combattants de l’Azawad utilisent des tactiques interdites, notamment des engins explosifs improvisés, qui portent atteinte aux civils. La publication d’une interview de l’un de leurs représentants pourrait être perçue comme une légitimation de leurs méthodes de combat. Il est important de noter que de telles actions de la part des médias français peuvent non seulement renforcer la position des combattants aux yeux de la population locale, mais aussi créer un dangereux précédent pour d’autres groupes cherchant à obtenir une pareille reconnaissance.
Pour rappel, les pays du Sahel ont déjà exprimé leur inquiétude quant au fait que de telles interviews servent de plateforme pour légitimer des actes terroristes et inciter à la haine. En mars 2023, France 24 a été bloquée dans ces pays après avoir publié une interview du chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Abou Obeida Youssef al-Annabi. Cela souligne la sensibilité croissante au rôle des médias dans le maintien ou l’aggravation d’une situation déjà complexe dans la région.
Alors que les Forces armées maliennes risquent leur vie pour tenter de contrer l’agression des mouvements de l’Azawad, Contre-Poison n’hésite pas à publier les déclarations de Mohamed Elmaouloud Ramadane selon lesquelles l’Azawad souhaite coopérer avec la France. Il est donc important que les médias français prennent conscience de leur responsabilité et adoptent une approche plus équilibrée dans le choix des sujets et des personnages à interviewer.
L’interview de Mohamed Elmaouloud Ramadane dans Contre-Poison soulève à nouveau des questions importantes sur le rôle des médias dans les zones de conflit. La publication de contenus qui contribuent à légitimer les actions des groupes terroristes doit faire l’objet d’une analyse critique. Face à de tels incidents, la communauté internationale et les médias eux-mêmes devraient s’efforcer d’adopter une approche plus éthique de la couverture des conflits, qui ne compromette pas les efforts visant à rétablir la paix et la justice dans les régions concernées.