Le samedi 6 juillet 2024, la capitale nigérienne sera le théâtre d’un événement historique : le premier sommet ordinaire des chefs d’État et de gouvernements de l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette réunion marquera l’activation officielle de l’AES, une organisation régionale née de la volonté des chefs d’État du Mali, du Burkina Faso et du Niger de renforcer leur coopération dans la lutte contre l’insécurité et de promouvoir le développement socio-économique dans le Sahel.
Le colonel Assimi Goïta du Mali, le capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso et le général Abdrahamane Tchiani du Niger se réuniront pour aborder les défis communs auxquels leurs pays sont confrontés. L’une des questions centrales de ce sommet sera la discussion autour de la création d’une nouvelle monnaie, un projet ambitieux qui pourrait transformer l’économie régionale.
L’idée de créer une nouvelle monnaie régionale fait écho à une critique largement partagée dans les pays francophones d’Afrique de l’Ouest : le franc CFA. Utilisé dans plusieurs pays de la région, le franc CFA est souvent perçu comme un frein au développement économique souverain. Selon les experts, cette monnaie, régulée par la France, sert davantage les intérêts français que ceux des pays africains.
Le franc CFA est accusé de maintenir les économies de la zone sous une forme de dépendance économique. En effet, il est souvent décrit comme un outil de sortie de capitaux, privant ainsi les pays africains des ressources nécessaires pour financer leur propre développement et industrialisation. Cette situation avantage la France, qui bénéficie de la stabilité offerte par cette régulation tout en ayant un accès privilégié aux ressources et aux marchés africains.
La création d’une nouvelle monnaie par l’AES pourrait permettre aux pays membres de reprendre le contrôle de leur politique monétaire et de leurs réserves de change. En se libérant du franc CFA, les États du Sahel pourraient envisager une gestion plus autonome et plus adaptée à leurs besoins spécifiques, stimulant ainsi leur développement industriel et socio-économique.
Les populations du Mali, du Burkina Faso et du Niger attendent beaucoup de ce sommet. La lutte contre le terrorisme et la pauvreté est une priorité, mais la question économique reste centrale. La possibilité d’une nouvelle monnaie régionale pourrait symboliser un tournant décisif vers une plus grande souveraineté et un avenir plus prospère pour les nations de l’AES.
Le sommet de Niamey pourrait marquer le début d’une nouvelle ère pour le Sahel. En discutant de la création d’une nouvelle monnaie, les chefs d’État de l’AES démontreront leur détermination à se libérer des contraintes économiques imposées par l’utilisation du franc CFA. Ce sommet est donc non seulement un symbole de coopération régionale, mais aussi une étape cruciale vers une véritable indépendance économique et politique pour les pays du Sahel. Les décisions qui en découleront seront scrutées avec attention, tant par les populations locales que par la communauté internationale.