Les chefs des juntes du Mali, du Burkina Faso et du Niger, qui ont créé l’Alliance des Etats du Sahel, se réunissent la veille du sommet de la Cedeao, qu’ils ont quittée.
Les chefs des régimes militaires sahéliens vont tenir samedi 6 juillet leur premier sommet à Niamey, un jour avant les présidents de la Cedeao à Abuja, l’organisation ouest-africaine dont ils ont claqué la porte avec fracas au début de l’année. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont créé en septembre 2023 l’Alliance des Etats du Sahel (AES).
« Notre pays accueille le samedi 6 juillet le premier sommet des chefs d’Etat de l’AES, à savoir le Burkina, le Mali et le Niger », ont annoncé jeudi soir les autorités de Niamey, dans un bref communiqué lu à la radio publique. Le capitaine burkinabé Ibrahim Traoré et le colonel malien Assimi Goïta seront reçus dans la capitale dès vendredi par le général nigérien Abdourahamane Tiani, qui a appelé la population à leur réserver « un accueil chaleureux ».
C’est la première fois que les trois hommes se réunissent depuis leur arrivée au pouvoir par des coups d’Etat entre 2020 et 2023. Plusieurs rencontres bilatérales avaient toutefois eu lieu.
Tous ont depuis tourné le dos à la France, ancienne puissance coloniale, et à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qu’ils accusent notamment d’être inféodée à Paris et de ne pas assez les soutenir dans la lutte contre les djihadistes. Ils ont annoncé en janvier leur retrait de cette organisation régionale qui tient elle-même un sommet dimanche, à Abuja, capitale du Nigéria.
Russie, Turquie et Iran
Plusieurs chefs d’Etat ouest-africains ont appelé ces dernières semaines à trouver une solution pour renouer le dialogue entre les deux blocs. Fin mai, le nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, avait jugé possible une réconciliation entre la Cedeao et les trois pays du Sahel et, en juin, le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, avait appelé les pays d’Afrique de l’Ouest à s’allier à nouveau face à l’expansion du djihadisme.
Début mars, le Mali, le Burkina Faso et le Niger avaient annoncé la création d’une force conjointe antidjihadiste dont les contours et les effectifs n’ont pas été précisés. Ils font face depuis des années à des violences djihadistes meurtrières, en particulier dans la zone dite des « trois frontières », où des groupes liés à Al-Qaida et à l’organisation Etat islamique tuent civils et soldats dans des attaques. Des millions de personnes ont été déplacées.
L’AES est pour l’heure une coopération économique et de défense de ces trois pays sahéliens qui se sont tournés vers d’autres partenaires comme la Russie, la Turquie et l’Iran, régulièrement qualifiés de « partenaires sincères ». Mais ils affichent régulièrement leur volonté d’aller plus loin.
Fin juin, le colonel Goïta avait assuré que la coopération au sein de l’AES avait pris « un chemin de non-retour », lors d’une visite à Ouagadougou. Quelques semaines plus tôt, les ministres des affaires étrangères burkinabé, malien et nigérien avaient « finalisé » à Niamey un projet de texte créant une confédération, que les chefs d’Etat devraient adopter lors du sommet de samedi. Les pays de l’AES, qui utilisent le franc CFA, ont également émis l’idée de créer une monnaie commune à moyen terme.
Selon l’ONG américaine de défense des droits humains International Rescue Committee, 7,5 millions de personnes connaissent une « insécurité alimentaire sévère » dans ces trois pays en raison de la situation sécuritaire.