Le président du Tchad, Mahamat Idriss Déby, s’est envolé ce mardi 23 janvier au matin pour la Russie dans le cadre d’une visite officielle de 48 heures. Il rencontrera mercredi le président russe Vladimir Poutine, avec, au menu des échanges, les coopérations bilatérales entre les deux pays mais aussi les questions régionales.
Parmi les domaines de coopération que les deux pays souhaiteraient renforcer, la présidence tchadienne souligne l’agriculture et le secteur minier : la présence du ministre des Mines Abdelkerim Mahamat Abdelkerim le prouve. Il est l’un des deux membres du gouvernement qui accompagnent le chef de la Transition, l’autre étant le ministre des Affaires étrangères Mahamat Saleh Annadif. Ce dernier avait déjà représenté le Tchad au sommet Russie-Afrique de juillet 2023 à Saint-Pétersbourg.
Le chef de la diplomatie tchadienne avait d’ailleurs reçu l’ambassadeur de Russie à Ndjamena le 11 janvier dernier, lorsque le diplomate russe était porteur d’un « message », avait communiqué le ministère : l’invitation formelle de Vladimir Poutine à son homologue Mahamat Idriss Déby.
C’est la présidence russe qui a annoncé en premier la venue de Mahamat Idriss Déby : une publicité en amont « très rare » de la part du Kremlin, qui communique habituellement dans l’instant ou a posteriori sur l’agenda de Vladimir Poutine. C’est dire si, pour la Russie, cette visite est un bon coup, le Tchad étant considéré comme un allié proche de la France. D’autant que ces dernières semaines, Moscou a pris Paris pour cible dans plusieurs de ses communications.
Contexte international
Le contexte international et régional sera également abordé par les deux hommes, selon le communiqué du Kremlin. Car la Russie est un acteur-clé des conflits aux frontières du Tchad, le Soudan en premier lieu, mais aussi la Libye et la Centrafrique.
Les relations entre le Tchad et la Russie sont jusque-là peu développées. L’an dernier, le ministre des Affaires étrangères Mahamat Saleh Annadif avait pris part au sommet de Saint-Petersbourg ; mais à l’ONU, N’Djamena a toujours voté pour condamner l’invasion de l’Ukraine. Longtemps, le Tchad s’est inquiété d’un appui russe aux groupes rebelles implantés dans le sud libyen, ou en création dans le nord de la Centrafrique.
Moscou a par ailleurs étendu sa présence au Sahel, accueillant la semaine dernière le Premier ministre de la transition nigérienne.
Des nouvelles coopérations « gagnant-gagnant » au « cas où ses alliés traditionnels comme la France s’éloigneraient »
Cette visite intervient dans un contexte où le Tchad, pour sa part, tache de multiplier les partenariats avec différents pays : le ministre des Affaires étrangères de Hongrie était également à Ndjamena il y a dix jours. Budapest compte notamment déployer plusieurs centaines de militaires dans le pays.
Mais les autorités tchadiennes revendiquent aussi rechercher des coopérations « gagnant-gagnant », pour financer la transition, ou des investissements dans le pays. Dans les relations avec la Russie, elles citent notamment l’agriculture et les mines, d’où la présence du ministre en charge de ce secteur Abdelkerim Mahamat Abdelkerim.
« Mahamat Idriss Déby mène bien sa barque en jouant sur plusieurs tableaux », estime un chercheur spécialiste de la région. Dans le contexte pré-électoral, « il explore des alternatives au cas où ses alliés traditionnels comme la France s’éloigneraient » de celui que l’ex-parti au pouvoir MPS a désigné comme candidat à la présidentielle.
Lundi 22 janvier, avant son départ, le ministre Mahamat Saleh Annadif s’est entretenu avec des militaires français, pour parler de la « redynamisation de la coopération entre les deux pays »