Le Père Ludovic Lado a lancé le mouvement politique “Servir” pour mobiliser l’électorat chrétien en vue d’une alternance à la prochaine présidentielle
C’est une première dans l’histoire du Cameroun: un prêtre crée un mouvement politique. Le Père Ludovic Lado, universitaire et prêtre jésuite a lancé mercredi (03.01.2024), un mouvement politique de mobilisation des chrétiens pour le changement politique au Cameroun en 2025, année des prochaines élections. Ledit mouvement s’appelle “Servir”, ou “Serve” en anglais. Son slogan est “Justice sociale, bien commun”.
Pour ce religieux très engagé sur les questions politiques au Cameroun, le but de ce mouvement est de mobiliser l’électorat chrétien, toutes tendances confondues, pour une participation massive aux élections de 2025. Pour l’heure, on ignore si Paul Biya va se présenter au scrutin.
Le Père Ludovic Lado estime qu’au Cameroun, on compte 65 à 70 % de chrétiens, mais on ne voit pas leurs impacts sur la gestion de la chose publique. D’où la naissance de ce mouvement.
Mauvaise gouvernance
Père Ludovic Lado : “Le mouvement “Servir” fait la promotion de la justice sociale. Malheureusement, on constate que le Cameroun est plongé dans la mauvaise gouvernance, dans l’incivisme, dans l’injustice sociale. Et il est question d’interpeller les chrétiens en créant cette plateforme pour les mobiliser et les mettre face à leurs responsabilités, surtout par rapport aux échéances de 2025. J’essaie simplement de mettre en pratique la doctrine sociale de l’Eglise qui dit que tout chrétien a la responsabilité de contribuer dans la société à la promotion du bien commun et de la justice sociale. C’est d’interpeller les chrétiens sur leurs responsabilités sociales et politiques parce qu’il est pas normal que dans un pays où on a 60 et 70% de chrétiens, qu’on soit face à une telle gabegie.”
Pour le Dr Yvan Issekin, politologue ayant cheminé avec des congrégations missionnaires, même s’il salue l’initiative, le mouvement Servir aura peu d’effet. Il évoque notamment le manque le d’engouement politique observé auprès des populations, la division au sein de l’électorat chrétien camerounais et les perceptions identitaires. Selon lui, “l’électorat chrétien est une réalité plutôt éclatée au Cameroun, et quelquefois tendue entre les différents courants”.