Pétrole : déçu par l’Opep, l’Angola quitte l’organisation

Pétrole : déçu par l’Opep, l’Angola quitte l’organisation

Luanda estime que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole ne « sert pas ses intérêts ». Son départ a été acté en conseil des ministres.

L’Angola a décidé de se retirer de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), sur fond de désaccord sur les quotas de production pétrolière, jugeant qu’il était temps de « se concentrer davantage » sur ses propres objectifs. « Jusqu’à présent, nous n’avons pas eu d’influence sur les quotas, mais si nous devions rester dans l’Opep, nous subirions les conséquences de la décision de respecter les quotas de production », a expliqué le 21 décembre Diamantino Azevedo, ministre des Ressources naturelles, du Pétrole et du Gaz, à la télévision publique TPA. L’Angola serait alors « contraint de réduire sa production, ce qui va à l’encontre de notre politique consistant à éviter toute baisse et à respecter les contrats ».

70 000 barils par jour d’écart

L’annonce intervient après une récente décision de l’Opep d’établir un quota de 1,11 million de barils/jour (bpj) pour l’Angola, ce que le pays conteste vivement, visant son propre objectif de 1,18 million de bpj. Elle s’est traduite par un creusement des pertes du pétrole, les cours étant déjà plombés par les anticipations de certains investisseurs qui craignent de voir la demande en or noir sapée l’an prochain par une récession économique

La décision de l’Angola a été prise à la suite d’un Conseil des ministres, tenu le 20 décembre au palais présidentiel de Luanda, a précisé dans la foulée un communiqué présidentiel. Elle a été transformée le même jour en un décret ayant force de loi, signé par le président João Lourenço. « À l’heure actuelle, l’Angola ne gagne rien à rester dans l’organisation et, pour défendre ses intérêts, il a décidé de la quitter », a expliqué le ministre à la presse réunie à la présidence, selon ce communiqué.

« Lorsque nous voyons que nous sommes dans des organisations et que nos contributions, nos idées, n’ont aucun effet, il vaut mieux partir. Nous avons adhéré volontairement en 2006 et nous avons décidé de partir maintenant, également volontairement. Et il ne s’agit pas d’une décision irréfléchie ou inopportune », a souligné le ministre. L’Angola a été très actif « mais notre rôle au sein de l’organisation ne nous semble plus pertinent à l’heure actuelle », a-t-il encore déclaré. « Les résultats actuels ne servent pas nos intérêts. »

Perte d’influence

Malgré de nouvelles coupes dans la production annoncées en novembre, les prix du brut restent bloqués au plus bas depuis juin (entre 70 et 80 dollars le baril), tout en restant au-dessus de la moyenne des cinq dernières années. Vers 13 h 15 GMT (14 h 15 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février chutait de 1,59 à 78,43 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison le même mois perdait 1,68 %, à 72,97 dollars.

L’Opep et leurs dix alliés de l’Opep+ (dont la Russie) semblent ces derniers temps avoir perdu de leur influence, entre dissensions, concurrence américaine et fébrilité face à l’urgence climatique. À la fin de novembre, l’Angola et le Nigeria, les deux poids lourds pétroliers du continent africain, s’étaient montrés mécontents de leurs quotas lors de la dernière réunion ministérielle de l’alliance, d’ailleurs reportée de plusieurs jours en raison de désaccords.

À la mi-décembre, lors de la COP28 à Dubaï, les pays du monde entier ont approuvé un compromis historique ouvrant la voie à l’abandon progressif des énergies fossiles causant le réchauffement, appelant à « mener une transition hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale ».