Les Nations unies ont accusé vendredi l’armée malienne et des combattants « étrangers » d’avoir exécuté en mars 2022 au moins cinq cent personnes lors d’une opération antijihadiste dans le centre du pays, dans un rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme.
«Un rapport d’une mission d’établissement des faits du Bureau des droits de l’homme des Nations Unies a conclu qu’il y a de fortes indications que plus de 500 personnes aient été tuées – la grande majorité sommairement exécutés – par les troupes maliennes et du personnel militaire étranger au cours d’une opération militaire de cinq jours dans le village de Moura, dans la région de Mopti, au centre du Mali, en mars 2022», a détaillé dans un communiqué le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme. Selon ce document, la plupart de ces personnes ont été sommairement exécutées.
«Ces conclusions sont extrêmement inquiétantes», a déclaré dans un communiqué, Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.
Le Haut-commissariat a aussi « des motifs raisonnables de croire que 58 femmes et jeunes filles ont été victimes de viol et autres formes de violences sexuelles ». Il fait état d’actes de torture sur des personnes arrêtées.
Ces agissements pourraient constituer des crimes de guerre et, « selon les circonstances », des crimes contre l’humanité, dit dans un communiqué Volker Türk, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme.
Le rapport n’identifie pas explicitement les « étrangers ». L’ONU rapporte des témoignages recueillis par ses enquêteurs et décrivant ces étrangers comme des hommes blancs en treillis parlant une langue « inconnue ».
Moura est réputé être un fief de la Katiba Macina affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), lui-même affilié à Al-Qaïda.
L’opération, décrite par les autorités comme une opération militaire antiterroriste contre la Katiba Macina, a débuté le 27 mars 2022, jour de marché hebdomadaire très fréquenté à Moura.
Selon des témoins, un hélicoptère militaire a survolé le village en ouvrant le feu sur la population, tandis que quatre autres hélicoptères ont atterri et que des troupes ont débarqué. Les soldats ont encerclé les gens dans le centre du village, tirant au hasard sur ceux qui tentaient de s’échapper.
Des experts indépendants de l’ONU ont également appelé à une enquête indépendante sur des violations flagrantes des droits humains et «d’éventuels crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis depuis 2021 au Mali par les forces gouvernementales et la société paramilitaire russe, Wagner».