Désinformation et droits humains: un défi existentiel pour les médias

Désinformation et droits humains: un défi existentiel pour les médias

Les 22 et 23 novembre 2023, le Bureau régional Afrique de l’Ouest et du Centre d’Amnesty International a organisé à Dakar, au Sénégal, un atelier de formation axé sur la désinformation et les droits de l’homme.

Réunissant des journalistes d’Afrique de l’Ouest et du Centre, cet événement a mis en lumière les défis posés par la propagation croissante de fausses informations et son impact sur les droits fondamentaux.

Cette formation vise à renforcer les capacités des journalistes et des médias en ce qui concerne l’impact de la désinformation sur les droits fondamentaux des citoyens. L’objectif est de faire d’eux des vecteurs d’informations crédibles et des acteurs de lutte contre la désinformation et ses conséquences sur les droits humains. De nos jours, la désinformation, souvent associée aux réseaux sociaux et aux nouveaux médias, représente une menace tangible, entravant le travail de protection et de promotion des droits humains.

Amnesty International a initié ce renforcement des capacités dans le but de contrer cette menace. Ce processus de réflexion et d’action vise à mieux comprendre et analyser le phénomène de désinformation et son impact sur les droits humains, tout en proposant des mesures pour y faire face. Car « l’éducation aux médias et à l’information est un moyen durable pour relever ces défis sans compromettre les droits humains ».

Jean Fernand Koena, de la Centrafrique, estime que cette formation intervient à un moment crucial : « La formation que nous venons de recevoir revêt une importance capitale, car notre pays a traversé une crise majeure où les questions des droits de l’homme sont au cœur même de la reconstruction. En tant que journalistes, il est crucial de se préparer face à la montée de la désinformation, car celle-ci impacte directement les droits de l’homme ainsi que la construction démocratique et la consolidation de l’État de droit. Mettre à disposition ces outils est donc essentiel pour permettre aux journalistes de fournir des informations de meilleure qualité. En effet, une population mal informée pose problème à plusieurs égards. »

Quant à Yves Laurent Goma, correspondant de RFI et TV5 Afrique au Gabon et fondateur du site gabonactu, il considère cette formation comme nécessaire, tout en étant impressionné par certains modules : « Je suis particulièrement impressionné par le module sur l’intelligence artificielle et celui dédié au fact-checking, tous deux très intéressants. J’ai pu constater le développement de nombreux logiciels par les ingénieurs, spécifiquement conçus pour vérifier l’origine des vidéos et des photos. C’est une avancée significative dans ce domaine. »

Au Burkina Faso, comme dans de nombreux pays en situation de conflits, la désinformation est un phénomène récurrent. Abdoul Fataw Tiemtoré, de la radio Omega FM, témoigne des bénéfices de cette rencontre à Dakar : « Cette formation a été enrichissante pour nous tous, particulièrement pour ceux d’entre nous issus d’un pays en crise, où la liberté d’expression est en difficulté depuis un certain temps. Il est essentiel de constater qu’il existe des structures offrant un cadre propice à la discussion et à la réflexion collective pour trouver des moyens d’améliorer notre manière de travailler. En plus du renforcement de notre réseau professionnel, cette expérience a été précieuse. J’ai eu l’opportunité de rencontrer d’autres journalistes africains qui ont partagé leurs expériences. Nous avons approfondi nos connaissances sur la désinformation, les droits humains et les institutions pouvant intervenir en cas de crises liées à la liberté d’expression et aux droits humains. »

À la fin de cette formation, Samira Daoud, Directrice régionale du Bureau de l’Afrique de l’Ouest et du Centre d’Amnesty International, s’est félicitée du succès de cette initiative qui a mis en lumière le lien vital entre la désinformation et le respect des droits humains. Elle a exprimé sa gratitude envers les partenaires clés de cet événement, tels que RSF, Africa Check, Article 19, le HCDH et l’UNESCO, dont les contributions ont été inestimables.

Mme Samira Daoud a également souligné que cette rencontre vise à favoriser la mise en place de synergies, à encourager les échanges d’expériences et à catalyser des actions concrètes. Elle a rappelé que la désinformation, qui est un thème émergent au sein d’Amnesty International, devient progressivement un sujet d’une importance capitale.

Ce n’est pas simplement un concept abstrait, mais une préoccupation pressante pour la préservation des droits fondamentaux et de la vérité dans un monde où la manipulation de l’information est devenue monnaie courante.