Maison centrale : Évasion ratée ou le saut dans l’inconnu du capitaine Dadis (Éditorial)

Maison centrale : Évasion ratée ou le saut dans l’inconnu du capitaine Dadis (Éditorial)

Comme s’il venait d’être lâché de nouveau par les dieux tutélaires du landerneau, l’ancien chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, vient de subir un nouveau coup du sort. Pour s’être fait harponner samedi dernier, dans sa tentative d’évasion de la Maison centrale, où il croupit en tant que principal accusé dans l’affaire du massacre du 28 septembre.

Du coup, Dadis tombe sous un autre chef d’accusation long comme le bras. En plus d’être déjà marqué au fer rouge par les événements malheureux du stade, pour lesquels il comparaît devant le tribunal criminel délocalisé de Dixinn.

L’ancien président n’est toutefois pas le seul à être marqué au front du sceau de l’infamie, suite à cette évasion ratée. Qui n’aura été qu’un pile ou face. Malheureusement la mise leur est passée sous le nez.

Dans ce tableau peu honorable pour des officiers de leur rang, figurent trois de ses lieutenants. Il s’agit notamment du colonel Moussa Thiégboro Camara, du colonel Claude Pivi et du colonel Blaise Goumou.

A part Pivi alias coplan, ancien ministre de la sécurité présidentielle sous le CNDD, qui poursuit sa cavale, la tentative des trois autres fugitifs s’est soldée par un flop.

Ils ont été aussitôt ramenés dans leurs cellules, où ils méditent sans doute sur leur sort, la mort dans l’âme. Pendant que Verni Pivi, le chef du commando à la base de cette opération spectaculaire, qui a dû probablement leur vendre cette chimère, continue-lui, de courir, en compagnie de son père Claude Pivi. Tous deux seraient des bérets rouges, rompus dans les arts martiaux. De quoi les cataloguer dans l’ordre des fugitifs armés et très dangereux.

En attendant de savoir jusqu’à quand durera cette cavale, qui tient tout le pays en haleine, et même au-delà, à cause de l’envergure du procès du 28 septembre, le parquet général a instruit ses services compétents de diligenter des poursuites contre le quatuor cité plus haut, pour des « faits d’évasion, de détention illégale d’armes de guerre, d’association de malfaiteurs et complicité ». L’autre châtiment s’est abattu sur Pivi, Thiégboro et Goumou, qui ont été radiés des effectifs des forces armées pour « inconduite ».

Cette évasion ratée, au-delà du fait qu’elle relance la problématique de nos prisons passoires, vient écorner l’image du capitaine Dadis. Qui, pour le commun des mortels, avait mieux à faire que de tenter ce qui s’apparente à un saut dans l’inconnu.

Après avoir pourtant clamé urbi et orbi sa disponibilité à comparaître dans un procès public, afin d’éclairer la religion de l’opinion sur le massacre commis au grand stade de Conakry, sous son magistère. Le meilleur moyen pour laver son honneur. Pourquoi alors ce revirement du capitaine, pendant que le procès a atteint quasiment sa vitesse de croisière ? Si ce n’est qu’une grosse bêtise. C’est du moins l’avis d’une bonne frange de l’opinion. Même si les avocats des fugitifs tentent de se raccrocher aux branches, en parlant plutôt d’un enlèvement, en lieu et place d’évasion.

Une parade qui a du mal à enfumer les citoyens. La ficelle semble en effet trop grosse. Comme si leurs conseils devaient mieux se pouvoir dans cet autre mano à mano judiciaire qui s’annonce sous les cancans.