Au Mali, l’ONU a « accéléré » son départ de Tessalit pour protéger son personnel

La Minusma a quitté cette base du nord du pays samedi « dans un contexte sécuritaire extrêmement tendu et dégradé ». Le camp a ensuite été récupéré par l’armée malienne.

La mission de l’ONU au Mali – la Minusma – a annoncé dimanche 22 octobre avoir « accéléré » son départ du camp de Tessalit (nord), la veille, dans un contexte tendu ayant mis « en danger son personnel » dans le cadre de son retrait d’ici à la fin de l’année de ce pays confronté au djihadisme et au séparatisme touareg. Le camp de Tessalit, constitué surtout de soldats tchadiens, a ensuite été « entièrement » récupéré par l’armée malienne, a indiqué dimanche cette dernière sur les réseaux sociaux.

La Minusma s’est désengagée de Tessalit alors que la région de Kidal, dont fait partie cette localité, est le théâtre d’une escalade militaire entre acteurs armés pour le contrôle du territoire. Les derniers personnels sont partis samedi « dans un convoi terrestre » en direction de Gao, la plus grande ville du nord du Mali.

Dans son communiqué transmis dimanche à l’AFP, la mission de l’ONU dit avoir « achevé son retrait accéléré » de cette base « dans un contexte sécuritaire extrêmement tendu et dégradé, mettant en danger la vie de son personnel ». Avant son retrait, ce personnel a « dû se réfugier dans des bunkers à plusieurs reprises en raison de tirs ». Ce fut le cas jeudi lorsqu’un avion-cargo C130 tunisien affrété par la Minusma « a été touché à l’aile alors qu’il atterrissait à Tessalit », dit la Minusma, précisant qu’il n’y a pas eu de « blessés ou de dommages majeurs à l’avion ».

Destruction d’équipements

Avant son départ, la Minusma affirme avoir pris « la décision difficile de détruire, désactiver ou mettre hors service des équipements de valeur, tels que des véhicules, des munitions, des générateurs et d’autres biens », une « option de dernier recours » suivant les règles de l’ONU. Ces équipements « ne pouvaient pas être retournés aux pays contributeurs de troupes auxquels ils appartenaient, ou redéployés vers d’autres missions de maintien de la paix ». Des difficultés d’accès à Tessalit se sont posées aux « 200 camions » prévus pour « récupérer ce matériel ». Ils sont bloqués « à Gao depuis le 24 septembre, faute d’autorisation des autorités au vu de la situation sécuritaire » dans la région, selon la Minusma.

Le retrait du camp de Tessalit est le premier dans la région de Kidal et le « sixième » dans le pays. La Minusma avait aussi avancé celui de Ber en raison de la montée des tensions. Il reste notamment l’évacuation du camp de Kidal, ville bastion des séparatistes, qui s’annonce périlleux.

Les colonels arrivés au pouvoir au Mali par la force en 2020 ont réclamé en juin, après des mois de dégradation des relations, le départ de la Minusma, déployée depuis 2013. Le retrait des quelque 11 600 soldats et 1 500 policiers (de dizaines de nationalités) qui étaient présents au Mali doit s’échelonner jusqu’au 31 décembre. Il a exacerbé les rivalités pour le contrôle du nord du pays.

Les groupes séparatistes s’opposent à ce que la Minusma remette les camps aux autorités maliennes, ce qui va à l’encontre, selon eux, des accords passés en 2014 et 2015 quand, après s’être soulevés en 2012, ils avaient accepté de cesser le feu et de faire la paix. Ces groupes à dominante touareg ont repris les hostilités contre l’Etat central, et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, a multiplié les attaques contre les positions militaires.