Alors que les putschs se multiplient en Afrique, le Sénégal reste toujours une exception. Le pays d’Afrique de l’Ouest n’a jamais connu de coups d’Etat depuis son indépendance en 1960.
Une particularité qui, selon Alioune Tine, du think tank Afrikajom, s’explique surtout par la maturité de son armée.
« Il y a une culture démocratique et il y a aussi cette volonté de défendre cette culture démocratique. Mais, en même temps, on a une armée bien formée. Si vous connaissez l’armée du Sénégal, moi j’ai travaillé avec les officiers supérieurs du Sénégal, franchement, c’est une armée d’intellectuels, c’est une armée, il me semble, qui connaît le sens des limites et qui en est consciente. » affirme Alioune Tine.
La crise de 1968 et les violentes émeutes de 2021 et 2023, semblent confirmer ce constat. Car, l’armée sénégalaise est toujours restée droit dans ses bottes. Mais pour la survie de cette tradition, cet analyste interpelle les politiques, les gouvernants en particulier.
« Au Sénégal, il faut que les autorités fassent extrêmement attention par rapport à la façon de manager le fait politique dans notre pays. Il est indispensable aujourd’hui que les principes démocraties, les principes de l’état de droit, les principes de liberté politique, les principes de la liberté de presse soit outrageusement préservés parce que c’est le déraillement dans la gestion de ces éléments-là qui peut susciter des vocations au niveau de certaines institutions comme l’armée et la gendarmerie. Dans beaucoup de pays africains, cela est survenu » alerte Momar Deing, analyste politique.
A l’heure des putschs chez certains de leurs voisins, les Sénégalais touchent du bois. Le spectre des coups d’Etat semble encore loin des esprits, en dépit des tensions qui règnent actuellement dans le pays. Interpellés sur la question, les acteurs politiques, à l’image de ce cadre de l’ex-parti Pastef, restent conscients du danger.
« Un coup d’Etat n’a jamais été une solution dans un système normal. Dans presque tous les pays où vous voyez ces coups d’Etat, c’est parce que le système ne fonctionne pas correctement. C’est pour cela que j’en appelle aux dirigeants, j’en appelle aux acteurs politiques à faire en sorte que le Sénégal retrouve son lustre d’antan ». explique Momath Tlla Ndao, ex membre du parti Pastef.
Une image fortement écornée par la dégradation du climat politique au moment où le pays se dirige vers une élection présidentielle cruciale le 25 février prochain.