Près de 2,4 millions d’électeurs sont appelés aux urnes ce mardi 10 octobre 2023. Il s’agit d’élections générales : sénatoriales, législatives et présidentielle. À ce titre, le président sortant, George Weah, brigue un second mandat. Mais le contexte ne lui semble pas favorable.
Ce scrutin présidentiel s’annonce disputé, en raison d’abord, de l’ampleur de la compétition : en tout, 20 tickets présidentiels sont en compétition. Parmi ces tickets, il y a des poids lourds. C’est notamment le cas d’Alexander Cummings, homme d’affaires qui a fait ses armes à l’étranger. Il y a aussi la présence de l’ancien vice-président, Joseph Boakai. Et puis, le président sortant, George Weah, qui brigue un second mandat, malgré un bilan contesté.
Par ailleurs, ce scrutin paraît disputé, car plusieurs candidats ont donné une tonalité virulente à leur campagne. « Les tensions sont trop fortes. Les émotions aussi », constate le politologue Abdul Katiamba. « Plusieurs candidats affirment qu’ils vont gagner dès le premier tour, poursuit-il. C’est une source de conflit, car si un leader est entouré de gens extrêmes, qu’il les a convaincus de sa victoire au premier tour, si les résultats ne reflètent pas cette réalité, ils seront persuadés d’avoir gagné, ils passeront à l’acte : ils vont affirmer qu’il y a eu de la tricherie et qu’on les a volés. Donc les démagogues jouent sur cette carte pour créer un terrain de contestation ».
Défis logistiques
La Commission nationale des élections assure que tout est bien en place. L’incertitude provient surtout du contexte : « Nous nous intéressons à la préparation de la NEC, la Commission nationale des élections, avec en toile de fond plusieurs questions, comme le budget des élections, mais aussi la question de la logistique, car il y a un grand défi lié à la saison des pluies et aux infrastructures », affirme Andreas Schieder, le chef de la mission d’observation de l’Union européenne au Liberia. « La grande tâche de la NEC, poursuit le diplomate autrichien, a été de répartir le matériel électoral partout, jusque dans les provinces, malgré des conditions difficiles ».
Crédibilité du scrutin
Ces élections sont les premières que le pays organise seul, suite au départ en 2018 des forces de maintien de la paix des Nations unies (la Minul). Ainsi, lors de la dernière présidentielle, en 2017, la Commission nationale des élections avait bénéficié du soutien logistique et financier de la Minul dans l’organisation du scrutin. Ce n’est pas le cas de cette année.
Néanmoins, ces élections suscitent beaucoup d’attention de la part de la communauté internationale : en témoigne cette forte présence d’observateurs internationaux. Il y a notamment l’EISA (un programme de paix financé par l’Usaid), l’Union africaine, le Wanep (société civile ouest-africaine) et la Cédéao.
« À cause du contexte sous-régional, où plusieurs régimes ont été renversés par des coups d’État militaires et des régimes autoritaires, tous les regards sont tournés vers le Liberia, pour assurer que les choses se passent bien », explique le professeur Attahiru Jega. Ce Nigérian fut l’ancien président de la Commission électorale indépendante (Inec) pour les scrutins présidentiels de 2015 et de 2019. Aujourd’hui, il dirige la mission d’observation de la Cédéao au Liberia et a rencontré l’ensemble des acteurs de ce processus électoral afin d’atténuer les tensions, qui étaient palpables à lors de la campagne électorale. « Nous ferons un rapport à nos chefs, avec des recommandations pour contribuer à l’intégrité du vote », poursuit cet universitaire.
Le vote se déroule de 8h à 18h. La Commission nationale des élections a deux semaines pour publier les résultats.