Du Niger

Du Niger

Immédiatement après le putsch des militaires nigériens contre le président Mohamed Bazoum, les autorités françaises (dont le pays est directement visé par ce putsch) ont réagi : «Il y va de l’avenir du Niger et de la stabilité de toute la région», nous dit le ministre français des Affaires étrangères (Le Monde), évoquant la très plausible éventualité de l’intervention de la CEDEAO contre les putschistes qui retiennent depuis une douzaine de jours maintenant le président déchu, Mohamed Bazoum.

«Quatre jours après le coup d’État qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest avait donné sept jours aux putschistes pour le rétablir dans ses fonctions, sous peine d’utiliser «la force»».
«Niger : des dizaines de milliers de partisans de la junte rassemblés à Niamey quelques heures avant l’expiration de l’ultimatum de la CEDEAO», Le Monde

Cela peut prêter à sourire.

En effet, depuis quand les autorités françaises s’inquiètent-elles vraiment de l’avenir du Niger et de son peuple et des Africains de façon générale ?

Dans un article récent sur Réseau International, je disais que la France n’a pas changé de logiciel depuis les années 60 du siècle dernier et se considère de ce fait toujours en terrain conquis que ce soit au Niger ou ailleurs dans ses anciennes colonies. La Françafrique est toujours à l’œuvre. Sous une manière beaucoup plus subtile, certes. Il ne s’agit pas d’une occupation de l’espace, d’une colonie de peuplement, comme par le passé, de ces vastes pays désertiques dont le sous-sol regorge de richesses minières, mais d’une mainmise, avec la complicité des hommes qu’elle place à la tête de ces pays, sur tout ce qui pourrait faire le bonheur de… la France.

Ce putsch a entrainé également la réaction de deux ou trois pays africains parmi ceux regroupés dans une organisation que l’on dit beaucoup plus économique que politique : la CEDEAO. Celle-ci veut en découdre avec les nouveaux hommes forts du Niger responsables du coup d’État pour soi-disant rétablir l’ordre constitutionnel et remettre ainsi le pouvoir aux mains de Bazoum qui se trouve jusqu’à l’heure actuelle incarcéré dans sa résidence.

En fait, il est aisé de deviner qui pousse la CEDEAO à réagir, qui tire les ficelles. Pas besoin d’être énarque pour comprendre cela.

Pourtant, en plus de 60 ans d’indépendance, aucun de ces pays n’a connu le moindre développement socio-économique. Leurs peuples végètent toujours dans la misère. Leurs jeunesses sont contraintes d’émigrer en Europe en prenant des risques insensés pour traverser d’abord le Sahara, bravant la soif et le risque d’égarement dans le désert, et ensuite la Méditerranée sur des embarcations de fortune.

Ni le Niger, ni aucun autre pays de l’Afrique n’a besoin d’une guerre. D’une autre guerre ; car depuis leurs indépendances, ces pays ne font pratiquement que se chamailler, manipulés par des forces étrangères qui, en réalité, ne font que défendre leurs propres intérêts. Ce n’est pas ce qu’attend la jeunesse africaine qui en a marre de ces conflits fratricides. Il y a toujours des moyens diplomatiques et politiques de résoudre les conflits entre pays ou au sein d’un même pays lorsque ce dernier fait l’objet d’un putsch comme c’est le cas du Niger. Ce n’est pas par candeur excessive que je dis cela, mais c’est parce que je sais que l’Afrique recèle encore assez d’hommes sages capables de trouver des solutions à tous les défis qui se posent à ce continent. Mon ami africain, N’dugu, m’a toujours parlé de ces arbres à palabre qui existent dans tous les villages africains…