Guerre au Soudan: l’épreuve de l’exode

Guerre au Soudan: l’épreuve de l’exode

La suite de notre série de reportages auprès des réfugiés soudanais au camp de Gorom, à une quinzaine de kilomètres de la capitale sud-soudanaise, Juba. Pour ces réfugiés qui ont fui les combats à Khartoum ou encore dans la région du Darfour, à l’ouest du Soudan, les trajets pour rejoindre le Soudan du Sud ont été à la fois éprouvants, dangereux et coûteux. Ces voyages ont été pour beaucoup l’occasion de mauvaises rencontres, mais ont aussi donné lieu à des gestes de solidarité.

Abdelaziz Osman Mohamed est assistant professeur à l’université d’al-Fasher, au Darfour. Après seize jours cloîtrés avec ses étudiants au début de combats, il a décidé de fuir avec sept d’entre eux, direction le Soudan du Sud. C’était la destination qui leur semblait la plus facile d’accès : « Nous avons marché pendant sept jours pour atteindre la frontière. Un peu avant on est tombés sur les miliciens des FSR, ils nous ont pris tout ce que nous avions, même nos vêtements. »

Une fois la frontière passée, un chauffeur sud-soudanais les fait grimper à bord de son véhicule : « Nous lui avons expliqué ce qui nous est arrivé et il a décidé de nous emmener gratuitement jusqu’à Juba. C’est vraiment un homme bon, je lui suis très reconnaissant de ce qu’il a fait pour nous. »

Pour Moussa Ramatullah Ismail, une fois la frontière passée, il a encore fallu payer un billet d’avion à 250$ pour rejoindre Juba. Il dit avoir déboursé 500$ au total : « J’ai dépensé tout mon argent sur la route lors de ma fuite de Khartoum à Juba. Le gouvernement sud-soudanais a beau ouvrir ses frontières, il a fallu payer pour l’immigration et les check-points pour arriver jusqu’au camp ici… Maintenant je n’ai pas de quoi acheter de l’eau et de la nourriture. Les gens ici vendent leurs vêtements, leurs chaussures, leurs téléphones pour survivre. »

Mi-juillet, les réfugiés ont organisé un sit-in près des bureaux du HCR à Juba, pour réclamer une augmentation de l’aide humanitaire. Une aide qui reste bien en-deçà des besoins du fait du manque de financements.