La réunion du Conseil de sécurité de l’ONU doit commencer à 11h à New-York, 15h Bamako. Réunion sous haute tension au sujet du retrait de la Minusma, la mission onusienne au Mali, dont le mandat expire aujourd’hui (vendredi). Le Mali a demandé il y a deux semaines, avec fracas, son retrait «sans délai». Mais les modalités et le calendrier de ce retrait font l’objet d’âpres négociations, qui se seront poursuivies jusqu’à la dernière minute. Tout à l’heure, une résolution doit être soumise au vote, dans un contexte de grande incertitude.
L’ultime version du projet de résolution qui sera soumis au vote du Conseil de sécurité, et dont RFI a eu copie, prévoit un départ de la Minusma au 31 décembre, dans six mois. Les discussions se poursuivraient avec le Mali jusqu’au 15 août sur certains points très politiques, comme l’avenir de l’implication de l’ONU dans le suivi de l’accord de paix de 2015. Et pendant les six mois du retrait, la Mission ne travaillerait uniquement qu’à son départ : plus d’accompagnement politique, plus d’enquête droits de l’homme.
30 septembre
Quant à la protection des civils, les Casques bleus ne pourraient plus intervenir que si des civils étaient attaqués à proximité des bases onusiennes, et cela jusqu’au 30 septembre. Après cette date, ils ne seraient plus autorisés qu’à se protéger eux-mêmes, à surveiller leur environnement immédiat ou à procéder à des évacuations médicales. La protection des civils incombant aux seules autorités maliennes.
Trop pour Bamako
Mais même dans ces conditions, six mois, c’est trop pour Bamako, qui demande un départ d’ici trois mois. Parce que les autorités maliennes de transition veulent se débarrasser de la Minusma au plus vite, et parce que la durée du retrait déterminera ses modalités, avec pour enjeu, par exemple, les équipements que la mission emportera ou laissera sur place.
Plusieurs pays membres du Conseil de sécurité et des techniciens onusiens ont tenté d’expliquer à la délégation malienne que cette durée de six mois était, selon eux, la plus courte techniquement envisageable pour un retrait sécurisé et en bon ordre, et en quoi ces six mois correspondaient, à leurs yeux, à la demande malienne de plier bagages « sans délai ». Les ultimes discussions auront-elles permis de convaincre la partie malienne ?
Droit de veto
Techniquement, le Conseil de sécurité peut voter la résolution et les six mois de retrait contre la volonté du Mali. Mais le risque d’un conflit avec le pays hôte n’est souhaité par personne, et pourrait même constituer une menace pour la sécurité du personnel onusien. La Russie, alliée du Mali, pourrait également utiliser son droit de veto. De source diplomatique, elle n’en a pas brandi la menace jusqu’ici, ce qui n’a pas valeur d’engagement.
Budget
Sans s’opposer à cette durée de six mois, la Russie a tout de même proposé l’adoption d’un budget dont le montant correspond presque exactement à une durée de trois mois. Plusieurs chercheurs, experts des arcanes onusiennes, expliquent que cette question du budget fait l’objet d’une procédure à part, devant l’Assemblée générale de l’ONU, et ne menace pas l’adoption d’une résolution par le Conseil de sécurité. Mais elle est comprise par tous comme un signal politique de soutien à la position malienne, qui pourrait réserver des surprises, lors du vote ou sur le plus long terme.