Présidentielle en Sierra Leone : la police disperse des opposants dans l’attente des résultats

Présidentielle en Sierra Leone : la police disperse des opposants dans l’attente des résultats

À Freetown, la police a annoncé dimanche avoir dispersé des opposants avec des gaz lacrymogènes, au lendemain de la présidentielle. Samura Kamara, rival du président sortant Julius Maada Bio dans cette élection, a indiqué de son côté que des balles avaient visé le siège de son parti dans la capitale.

La police sierra-léonaise a annoncé, dimanche 25 juin dans la soirée, avoir utilisé des bombes lacrymogènes pour disperser des opposants à Freetown, au lendemain de l’élection présidentielle, qui s’est déroulée globalement dans le calme et dont le décompte des voix se poursuit.

Le principal adversaire du président sortant Julius Maada Bio dans cette élection, l’opposant Samura Kamara, a indiqué sur Twitter que des balles avaient visé le siège de son parti dans la capitale.

Sidie Yahya Tunis, un porte-parole du Congrès de tout le peuple (APC), le parti de Samura Kamara, a affirmé à l’AFP qu’une femme était morte dans cet incident. “Elle était au rez-de-chaussée dans l’unité médicale. Elle est infirmière. Nous avons un petit dispensaire dans notre siège où elle travaillait”, a-t-il dit dimanche soir.

La maire de Freetown, Yvonne Aki-Sawyerr, une responsable également de l’APC, a publié sur Twitter des photos de l’intérieur du siège de la formation sur lesquelles on voit des personnes se protéger en s’allongeant au sol. “Nous sommes au siège de l’APC sous le feu”, a-t-elle écrit.

I am in the APC Party office and we are under fire. It is tear gas and what sounds like live rounds. There are about 20 of us on the ground in one office. The shots are still being fired. We need help please! pic.twitter.com/W2YzU5erOw

— Yvonne Aki-Sawyerr OBE (@yakisawyerr) June 25, 2023
La police a indiqué que des membres de l’APC manifestaient à Freetown “en annonçant au public avoir gagné” les élections, dans un communiqué transmis dimanche soir à l’AFP. Ces manifestants ont attiré en dehors du siège de l’APC une “foule” de soutiens qui “ont commencé à causer des troubles aux passants”, a-t-elle expliqué dans ce communiqué.

“Quand la situation est devenue insupportable, la police leur a lancé des bombes lacrymogènes pour disperser la foule qui perturbait les gens sur la voie” publique, a-t-elle ajouté.

Le décompte se poursuit
Environ 3,4 millions de personnes étaient appelées à choisir entre treize candidats pour la présidentielle, un scrutin aux allures de revanche de 2018 entre Julius Maada Bio, ancien militaire à la retraite de 59 ans qui brigue un second mandat, et Samura Kamura, technocrate de 72 ans et chef de l’APC.

Julius Maada Bio, candidat du Parti du peuple de la Sierra Leone (SLPP), l’avait alors emporté au second tour avec 51,8 % des voix.

Selon la commission électorale, le décompte des voix se poursuit. Les résultats sont attendus dans les 48 heures qui suivent le scrutin. Aucun chiffre pour la participation n’était avancé dimanche après-midi. Lors des dernières élections, celle-ci avait tourné entre 76 et 87 %.

Pour être élu au premier tour, un candidat doit recueillir 55 % des votes valables.

En plus de leur président, les Sierra-Léonais ont aussi voté samedi pour élire leur Parlement et les conseils locaux, des scrutins marqués par des retards dans le début du vote.

Plusieurs bureaux ont également fermé tard samedi, certains à 23 h 30 (locales et GMT), a dit le président de la commission électorale Mohamed Konneh lors d’une conférence de presse dimanche.

Dimanche soir, la mission d’observation électorale de l’Union européenne a dit être “préoccupée” par le “décompte en cours”, appelant à une “transparence complète”. Même son de cloche du côté de la fondation Carter, inquiète à propos de “signalements indiquant un manque de transparence” lors du dépouillement.

Des incidents rapportés samedi
Pour le chef de la commission électorale, samedi a été “un des meilleurs jours d’élection” dans le passé récent de la Sierra Leone, “s’il n’est pas le meilleur”.

Le réseau ouest-africain pour la construction de la paix, un autre groupe d’observateurs, a affirmé samedi que le vote avait été “relativement pacifique”, reprenant un constat similaire de la commission électorale.

La commission a toutefois indiqué samedi que des agents électoraux avaient été attaqués par des inconnus dans certaines zones. Le parti de Julius Maada Bio a accusé de “hauts responsables” de l’APC d’avoir attaqué ses représentants électoraux.

Des responsables de l’APC ont, à leur tour, affirmé que des violences avaient eu lieu dans plusieurs centres de vote samedi soir à Freetown et que ses membres avaient été attaqués dans des zones rurales.

Un responsable national de la sécurité, Abdulai Caulker, a affirmé n’être pas au courant de tels incidents.