Le Togo renforce son armée contre la menace djihadiste

Le Togo renforce son armée contre la menace djihadiste

La menace djihadiste s’étend au Golfe de Guinée. Le Togo déjà visé par des attaques, achète des armes aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, mais aussi à la Russie.

Avec 126 kilomètres de frontière avec le Burkina Faso, le Togo n’est plus épargné par les attaques terroristes.

En mai dernier, lors du 63e anniversaire de l’indépendance du pays, le président Faure Gnassingbé accusait l’Etat islamique et le Groupe pour le soutien à l’islam et aux musulmans, d’avoir déclaré la guerre au Togo.

“Depuis novembre 2021, le nord du Togo, notamment la région des savanes, fait face à une multiplication d’attaques de la part de groupes extrémistes violents. Ces groupes ciblent les forces de défense et de sécurité mais ils attaquent aussi des villages et font des victimes au sein de la population civile”, estime Jeannine Ella Abatan, chercheuse principale au bureau régional de l’Institut d’études de sécurité pour l’Afrique de l’Ouest.

Pour la chercheuse, les terroristes, “ont aussi recours aux enlèvements de civils suspectés de collaboration avec les forces de sécurité et à la pose d’engins explosifs sur des axes routiers. On a aussi documenté des vols de bétail dans le nord du pays à la suite d’attaques.”

Diversification des sources d’approvisionnement

Pour faire face à cette guerre contre les mouvements djihadistes, le Togo s’organise. Depuis 2019, le pays a mis en place un cadre institutionnel de lutte contre l’extrémisme violent.

Au plan militaire, une opération de sécurisation dénommée Koundjoaré a été lancée en septembre 2018 dans le nord du pays.

Des équipements militaires, notamment des véhicules blindés de transport des troupes et des véhicules tactiques légers, ont été acquis auprès des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la Russie. Des drones d’attaques ont aussi été achetés à la Turquie.

Mais dans le contexte géopolitique actuel, le partenariat avec la Russie ne passe pas inaperçu.

Pour Ghislain Koffi Nyaku, activiste togolais des droits de l’Homme, ce partenariat ne devrait toutefois pas être un problème.

“Le Togo vient par exemple d’adhérer au Commonwealth. C’est donc dans la dynamique de la diversification du partenariat. De manière concrète, la question de la géopolitique ou des appréhensions que certains pays, notamment européens, peuvent avoir, cette question est au niveau des autorités qui vont mesurer chaque type de coopération”, estime-t-il.

“Depuis la multiplication des attaques dans les pays côtiers, on a vu plusieurs partenaires de ces pays s’engager à les soutenir dans la prévention et la lutte contre ce phénomène. Ces pays côtiers ont pris aussi des initiatives dans la diversification de leur partenariat mais aussi du soutien dont ils pourraient bénéficier de la part de ces pays étrangers”, ajoute pour sa part, Jeannine Ella Abatan.

Difficile cependant d’avoir des précisions sur ces achats d’armes et sur le partenariat avec la Russie, les autorités togolaises se refusant à tout commentaire.

Un homme serait cependant l’artisan de la relance de la coopération militaire avec la Russie : le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, très proche également des militaires au pouvoir à Bamako. Des militaires maliens qui parient désormais sur la coopération avec la Russie.