Le président du parti islamiste Ennahdha a été condamné, il y a une dizaine de jours, à un an de prison. Une peine qui suscite très peu de réactions en Tunisie où le mouvement est considéré, par une frange importante de la population, comme ayant privilégié ses intérêts plutôt que ceux du pays pendant la décennie post-révolutionnaire. Face à cette indifférence, ses proches multiplient les prises de parole et les contacts avec l’étranger pour redorer son image et demander sa libération.
Son comité de soutien multiplie les prises de parole. Arrêté pour apologie du terrorisme suite à des propos jugés diffamatoires envers l’appareil sécuritaire, Rached Ghannouchi compte sur ses plus proches soutiens pour défendre sa cause
« Rachel Ghannouchi est cité dans 9 affaires, il y a eu 120 heures d’interrogatoires, mais au final, malgré ces longues heures d’audition, il n’a été arrêté qu’à cause de sa pensée, dénonce Zeineb Brahmi, l’une de ses avocates. Il est en prison parce qu’il a appelé à l’unité nationale et la fin de l’autoritarisme. »
Alors que la mobilisation ne prend pas dans son pays, c’est vers l’international que ses proches se tournent. Notamment vers la Grande-Bretagne où la famille a vécu en exil pendant les années Ben Ali. Là-bas, c’est sa fille Soumaya qui plaide la cause de son père auprès du Parlement britannique, en anglais et retransmis en direct – en arabe- sur la chaîne qatarie, Al Jazeera :
« Mon père qui a été président du plus grand parti a été arrêté chez lui. Des centaines de policiers ont pris notre maison d’assaut à la recherche de toute preuve pouvant le confondre. »
Un activisme qui paye, la semaine dernière, plus de 150 intellectuels dont le linguiste Noam Chomsky et le penseur Francis Fukuyama ont signé une tribune dans laquelle ils demandent la libération de Rached Ghannouchi qu’ils qualifient d’un des plus « éminents défenseurs de la démocratie dans le monde arabe ».