Des négociations entre le gouvernement éthiopien et l’Armée de libération oromo “vont commencer mardi en Tanzanie”, a annoncé le Premier ministre, Abiy Ahmed, dimanche soir. L’Éthiopie est minée par de multiples conflits locaux.
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a annoncé, dimanche 23 avril au soir, l’ouverture de négociations de paix avec l’Armée de libération oromo (OLA), groupe rebelle actif dans la région de l’Oromia, la plus vaste et peuplée du pays, qui enserre la capitale Addis-Abeba.
Ces négociations “vont commencer mardi en Tanzanie”, a précisé Abiy Ahmed. “Le gouvernement et le peuple éthiopiens ont énormément besoin de cette négociation (…), j’appelle tout le monde à jouer son rôle.”
Abiy Ahmed s’exprimait lors d’une cérémonie réunissant les participants et parrains du processus de paix au Tigré, région du nord de l’Éthiopie où un accord de paix signé le 2 novembre a mis fin à deux ans de conflit entre le gouvernement fédéral et les autorités régionales entrées en rébellion.
Le Premier ministre n’a pas donné d’autres détails, ni sur le format des pourparlers, ni sur l’identité d’une éventuelle médiation, ni sur la ville dans laquelle ils se dérouleraient.
Une situation confuse en Oromia
L’OLA “officielle” combat le gouvernement fédéral éthiopien depuis qu’elle a fait scission en 2018 avec l’historique Front de libération oromo (OLF) qui a renoncé cette année-là à la lutte armée. Elle a donné naissance à une nébuleuse de groupes armés se réclamant d’elle, mais avec qui les liens sont lâches.
Évalués à quelques milliers d’hommes en 2018, les effectifs de l’OLA ont largement augmenté ces dernières années, même si les observateurs l’estiment insuffisamment organisée et armée pour représenter une réelle menace pour le pouvoir fédéral.
La situation en Oromia est extrêmement confuse : s’y mêlent luttes politiques internes à la région, litiges territoriaux et animosités entre communautés.
L’Oromia a été ces dernières années le théâtre de massacres ethniques – aux auteurs pas clairement identifiés – particulièrement dans les Wollegas, zone reculée de l’extrême ouest, où est principalement visé le groupe amhara, minoritaire dans la région.
L’OLA a été à plusieurs reprises accusée par le gouvernement d’Abiy Ahmed d’être responsable de ces massacres, ce qu’elle rejette systématiquement. Le gouvernement est, de son côté, accusé de mener une répression aveugle qui alimente le ressentiment des Oromo contre le pouvoir fédéral à Addis-Abeba.
Nationalistes oromo et amhara, les deux peuples les plus nombreux d’Éthiopie, revendiquent en outre tous deux des terres situées à la frontière entre leurs deux régions.
L’Éthiopie est minée par de multiples conflits locaux, souvent liés au réveil de revendications identitaires et foncières depuis la nomination d’Abiy Ahmed en 2018, après trois décennies de régime d’une coalition dominée par la minorité tigréenne, chassée par des manifestations populaires nées dans les régions de l’Oromia et l’Amhara.