Tchad : la nationalisation d’une société pétrolière inquiète

Le président de transition a promulgué une loi portant sur la nationalisation de tous les actifs et droits d’Esso Chad, dont N’Djamena conteste la vente.

Selon le ministre des Hydrocarbures et de l’Energie, Djerassem Le Bemadjiel, la compagnie britannique Savannah Energy n’a pas l’expertise technique requise pour exploiter le pétrole. En plus, le deal conclu entre ces compagnies viole les prérogatives légales reconnues à la Société des Hydrocarbures du Tchad (SHT) d’où la décision de la nationalisation de ces sociétés.

“C’est une décision difficile mais nécessaire pour protéger les intérêts du Tchad et garantir sa souveraineté” a indiqué le ministre devant les parlementaires lorsqu’il défendait le projet de loi sur la nationalisation.

Manque de compétences

Mais pour Max Kemkoye, président du parti Union des Démocrates pour le Développement et le Progrès (UDP), un parti d’opposition, c’est une décision risquée car le Tchad n’a aucune compétence pour exploiter son pétrole.

“Pour entrer dans le secteur pétrolier il faut avoir de l’expérience, le Tchad n’a pas la compétence, dit l’opposant à la DW. Avant d’ajouter : Au début de l’exploitation du pétrole, où est-ce que nous sommes partis chercher les gens pour venir ne serait-ce que pour faire de la tuyauterie ? C’étaient des étrangers et jusqu’à aujourd’hui. Où est-ce que le Tchad va trouver ces compétences pour pouvoir lui-même produire, distribuer et commercialiser son pétrole ? Il n’a même pas la maîtrise du marché. Il faut qu’on arrête d’enfariner les Tchadiens.”

Mauvaise gestion

Le parlementaire Théophile Bongoro qui a voté en faveur de cette loi de nationalisation émet également des doutes sur la capacité et les compétences du Tchad en la matière. Il appelle le gouvernement à faire appel à une société qualifiée pour l’exploitation de son pétrole.

“L’Etat s’est illustré par une gestion scabreuse de nos richesses nationales, observe le parlementaire sur la DW. Vous voyez toutes ces sociétés d’Etat qui tombent une à une même s’il y en a qui fonctionnent encore elles battent de l’aile. Et l’impair qui a caractérisé la gestion de toutes nos sociétés depuis quelque temps associé aux exigences techniques pour un domaine spécial comme le pétrole, installe un doute. Maintenant il est aussi donné à l’Etat une faculté de pouvoir arracher les actifs et rétrocéder à un autre partenaire si partenaire il y a. Un partenaire connu dans le domaine”.

Le pétrole exploité au Tchad depuis 2003 demeure jusque-là, un secteur vital et stratégique représentant 80 % des recettes d’exportation du pays.