Un collectif d’universitaires tunisiens exprime, dans une tribune au « Monde », son inquiétude face aux tentatives du président tunisien d’imposer un régime autoritaire. De plus, les signataires dénoncent la rhétorique raciste du pouvoir à l’encontre des migrants originaires des pays subsahariens.
La crise globale que vit la Tunisie emprunte une tournure dangereuse qui menace directement l’Etat dans son existence même, ainsi que les droits élémentaires des citoyens acquis de haute lutte par plusieurs générations.
Depuis que le président Kaïs Saïed a confisqué les pouvoirs de l’Etat, le 25 juillet 2021, et imposé des « réformes » politiques tendant à instaurer le gouvernement d’un seul – en dépit de leur rejet par une majorité de Tunisiennes et de Tunisiens et de leur impact néfaste –, il n’a cessé d’intensifier ses attaques à l’encontre de tous ceux, politiques, syndicalistes, journalistes ou autres acteurs sectoriels, qui tentent d’exprimer leur désaccord à une telle démarche unilatérale.
L’objectif envisagé étant de faire taire toute voix dissidente, alors que la crise des deniers publics s’aggrave et que les conditions de vie des citoyennes et des citoyens se détériorent notablement.
Les arrestations et les détentions provisoires se multiplient, en violation manifeste des procédures légales, sans aucune garantie de procès équitable ni protection des droits des prévenus. Cette campagne se déroule dans le mutisme médiatique et la désinformation, privant de la sorte l’opinion publique de son droit d’être éclairée sur les motivations et les circonstances de cette campagne.
Corruption
La présidence de la République adopte une rhétorique populiste et belliqueuse pour justifier sa campagne, qui attise les tensions sociales, menace la paix civile et incite aux actes de violence politique.
Cette rhétorique hostile n’épargne pas les migrants originaires des pays subsahariens, installés en Tunisie, indépendamment de leur situation légale. L’Etat effectue un dérapage en tenant un discours raciste à leur encontre, dans le dédain total de la législation tunisienne qui criminalise un tel discours, comme des conventions et des obligations internationales engageant l’Etat tunisien.
Il s’ensuit que, prenant la mesure des dangers qui guettent notre pays, conscients de l’ampleur de notre responsabilité envers notre peuple et notre pays, nous, universitaires tunisiens indépendants, exprimons :