Somalie : 210 civils tués en vingt-quatre jours dans les combats au Somaliland

L’ancien territoire britannique, dont l’indépendance de 1991 n’est pas reconnue par la communauté internationale, est en proie aux affrontements entre forces indépendantistes et milices loyales au pouvoir somalien.

Au moins 210 civils ont été tués depuis vingt-quatre jours à Las Anod, au Somaliland, région séparatiste de Somalie où des affrontements ont éclaté entre milices loyales au pouvoir de Mogadiscio et forces indépendantistes, selon le maire de la ville. « 210 civils ont été tués et 680 autres blessés » dans la ville disputée de Las Anod, a déclaré lors d’une conférence de presse Abdirahim Ali Ismail, affirmant que 200 000 personnes avaient fui les affrontements.

Un précédent bilan, donné le 23 février par le directeur d’un hôpital de la ville, faisait état de 96 morts. Selon l’édile de Las Anos, « 750 maisons ont été détruites » et « toutes les installations gouvernementales ont été bombardées ».

Ancien territoire britannique, le Somaliland a déclaré son indépendance de la Somalie en 1991, un acte non reconnu par la communauté internationale. Cette région connaissait depuis une relative stabilité, alors que la Somalie a été ravagée par des décennies de guerre civile et d’insurrection islamiste.

« Situation désespérée »

Des tensions politiques ont cependant émergé ces derniers mois, menant à des combats entre les forces somalilandaises et des milices loyales au gouvernement somalien, principalement dans la région de Las Anod, revendiquée à la fois par le Somaliland et son voisin du Puntland, une autre région somalienne.

Les dernières violences ont débuté il y a vingt-quatre jours, le 6 février, quelques heures après que des chefs coutumiers eurent publié une déclaration s’engageant à soutenir « l’unité et l’intégrité de la République fédérale de Somalie », exhortant les autorités du Somaliland à retirer leurs forces de la région. Un cessez-le-feu a été décrété le 10 février par les autorités, mais les deux parties s’accusent mutuellement de l’avoir enfreint.

Le 28 février, un hôpital dans lequel intervient Médecins sans frontières (MSF) avait été visé « pour la quatrième fois en trois semaines », selon l’ONG. « Ce à quoi nous assistons aujourd’hui est une situation désespérée où la souffrance humaine (…) est immense », selon MSF.

Les combats ont fait réagir la communauté internationale, le Qatar, la Turquie, les Émirats arabes unis, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis appelant mardi dans un communiqué conjoint à la fin des violences. Les pays signataires « ont exprimé leur inquiétude face au conflit en cours (…) et ont appelé toutes les parties à respecter le cessez-le-feu (…) à permettre un accès humanitaire sans entrave et à s’engager dans un dialogue constructif et pacifique ».

Absence de reconnaissance internationale

Le 16 février, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) local avait déclaré que plus de 185 000 personnes, dont 89 % de femmes et d’enfants, avaient fui les violences de Las Anod. Beaucoup n’ont trouvé d’autre refuge que l’ombre d’un arbre ou des écoles qui ont fermé en raison des violences, ajoutait Ocha.

Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a appelé « les autorités à mener une enquête crédible et impartiale. » Le haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) a de son côté affirmé, le 17 février, que « plus de 60 000 Somaliens, principalement des enfants et des femmes » ont fui Las Anod pour gagner le sud-est de l’Ethiopie voisine.

Ces réfugiés y sont arrivés « exténués et traumatisés », a souligné le HCR, en précisant que les ressources pour les aider étaient limitées au Somali, une région éthiopienne qui subit actuellement une sécheresse record.

Le Somaliland imprime sa propre monnaie, délivre ses passeports et élit son gouvernement, mais l’absence de reconnaissance internationale le maintient dans l’isolement. Important et convoité carrefour commercial entre le Somaliland et le Puntland, Las Anod a changé de mains plusieurs fois ces dernières décennies.