La police tunisienne a arrêté, mercredi, Issam Chebbi, chef de file du Parti républicain, Chaima Issa, une activiste ayant pris part à la révolution de 2011, et encerclé le domicile de Jawher Ben Mbarek, un détracteur du président Kaïs Saïed. Ces trois opposants sont proches du Front de salut national, une coalition que le chef de l’État a accusée d’être “payée” et composée de criminels.
En Tunisie, la police a procédé, mercredi 22 février, à l’arrestation de deux figures éminentes de l’opposition et a encerclé le domicile d’un troisième détracteur du président Kaïs Saïed, qui décrit ses opposants comme des criminels et des traîtres voulant nuire à la sécurité de l’État.
Ces arrestations s’inscrivent dans le cadre d’une répression des principaux opposants à Kaïs Saïed au cours des deux dernières semaines, avec le placement en détention de politiciens, de juges et de personnalités des médias, notamment.
Issam Chebbi, chef de file du Parti républicain, a été arrêté alors qu’il se trouvait en compagnie de son épouse près d’un centre commercial, ont dit ses avocats et sa famille. Son domicile a par la suite été perquisitionné par la police.
Chaima Issa, une activiste ayant pris part à la révolution de 2011, a été arrêtée alors qu’elle se trouvait à bord de son véhicule, encerclé par la police, a indiqué son avocat.
Les forces de l’ordre ont aussi encerclé dans la journée le domicile de Jawher Ben Mbarek afin de procéder à son arrestation, mais celui-ci ne se trouvait pas sur les lieux, ont indiqué sa sœur et ses avocats.
Coalition d’opposition
Issam Chebbi est le frère de Nejib Chebbi, qui dirige le Front de salut national – une coalition de groupes d’opposition ayant organisé des manifestations contre Kaïs Saïed. Jawher Ben Mbarek et Chaima Issa sont des figures de cette coalition.
S’exprimant dans une vidéo diffusée mercredi sur Internet, Kaïs Saïed a décrit le Front de salut national comme une organisation “payée”, composée de criminels dont “la Tunisie veut se débarrasser”.
La police et le ministère de l’Intérieur ont décliné des demandes de commentaires sur les arrestations menées mercredi. D’après des avocats, certaines des personnes arrêtées récemment sont accusées de conspiration contre la sécurité de l’État.
Le patron détenu de la radio tunisienne privée Mosaïque FM est, de son côté, poursuivi pour “blanchiment d’argent et enrichissement illégal”, ont indiqué mercredi ses avocats, dénonçant un dossier “politique” en représailles à un programme critique.
Noureddine Boutar, directeur de la radio la plus écoutée en Tunisie, avait été arrêté ainsi que neuf personnalités politiques lors d’un coup de filet lancé par les autorités début février. Un mandat de dépôt a été émis lundi soir contre lui, selon ses avocats, qui avaient affirmé, après son arrestation, que son interrogatoire avait abordé la ligne éditoriale de la station.
Kaïs Saïed a déclaré publiquement que des arrestations ont ciblé des personnes considérées comme responsables d’une pénurie de biens alimentaires et de carburant. Des économistes estiment que la situation découle de la crise des finances publiques.
Répression coordonnée
Depuis qu’il a dissous le Parlement à l’été 2021 et s’est s’octroyé la quasi-totalité des pouvoirs, le président tunisien gouverne par décret et a lancé la rédaction d’une nouvelle constitution après un référendum au fort taux d’abstention l’an dernier. Ses opposants ont dénoncé un coup d’État.
Kaïs Saïed décrit ses mesures comme légales et nécessaires pour sortir le pays du chaos, reprochant à ses détracteurs d’être des traîtres et des ennemis de l’État.
Si certains politiciens de premier plan ont été présentés devant la justice depuis que Kaïs Saïed exerce une mainmise sur le pouvoir, jamais une répression coordonnée de l’opposition n’avait été mise en œuvre avant ce mois-ci.