Les nouvelles autorités de la transition ont décidé de s’appuyer notamment sur les civils, afin de faire face aux djihadistes qui écument des pans entiers du pays.
Tout comme son prédécesseur, le capitaine Ibrahim Traoré a fait de la reconquête du territoire national burkinabè, occupé à plus de 40% par les djihadistes, sa principale priorité.
Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qu’il a renversé en octobre 2022, en plus des actions militaires, avait envisagé un dialogue avec les groupes djihadistes.
Le nouveau militaire à la tête du Burkina Faso, lui, opte pour la défense populaire avec les conséquences qui vont avec. Il souhaite notamment s’appuyer sur les Koglweogos, des milices, formées dès 2015 et constituées en comités de vigilance. Fin novembre, l’Etat burkinabè a recruté 90.000 volontaires pour la défense de la patrie (VDP).
“Nous avons vu les travers auxquels cette stratégie a pu conduire. Avec notamment l’ostracisme à l’égard de certaines populations dans le Soum (Nord), dans le Golan (Nord) et même dans la région de Djibo (Nord-Est) et dans le Centre-Ouest. Et on voit aujourd’hui que cette stratégie n’a pas été payante. Cette stratégie a conduit à des conflits intercommunautaires qui ont exacerbé la situation sécuritaire au Burkina Faso”, regrette Bakary Samb, directeur régional du Centre d’études africain sur la paix.
Renseignements
La France a fini par accepter le départ souhaité par les autorités burkinabè de ses forces spéciales déployées dans le cadre de l’opération Sabre.
Présente au Burkina Faso depuis 2009, l’opération “Sabre” composée de 400 hommes est spécialisée dans le renseignement. Son départ ne va-t-il pas être préjudiciable dans la lutte contre le djihadisme ?
“Ils ont été les premiers à agir le 11 janvier 2013 contre les colonnes djihadistes au niveau de Kona (dans le centre-ouest du Burkina). C’est quand même eux qui ont réussi à éliminer tous les chefs djihadistes dans cette zone, aussi bien du côté d’Al-Qaïda que du côté de l’EIGS (Etat islamique dans le Grand Sahara). Mais les Burkinabè, aussi bien que les Maliens, les Nigériens, les Mauritaniens ou les Tchadiens, ont développé des capacités de renseignement. Parce que dans cette bataille, il y a un élément essentiel, à savoir les renseignements humains”, répond Hassane Koné, chercheur senior au bureau régional de l’institut d’études et de sécurité (ISS) pour l’Afrique de l’Ouest, le Sahel et le bassin du lac Tchad.
“Union sacrée”
Dans le cadre de l’implication de tous les Burkinabè dans la lutte contre le terrorisme, le capitaine Ibrahim Traoré a rencontré récemment plusieurs acteurs de la vie politique nationale.
Il les a appelés à l’union avant de demander aux Burkinabè qui le souhaitent de participer à l’effort de guerre, comme le rapporte le bureau régional de l’ISS dans une note de synthèse publiée en décembre.
Selon l’Institut, outre la campagne de recrutement des 90.000 volontaires pour la défense de la patrie, les autorités de la transition ont procédé au recrutement à titre exceptionnel de 3.000 militaires et de 1.400 gendarmes pour renforcer les rangs de l’armée burkinabè.