[Série] Côte d’Ivoire-Cameroun, la grande divergence

[Série] Côte d’Ivoire-Cameroun, la grande divergence

Les deux poids lourds de la zone CFA ont connu des trajectoires de croissance radicalement différentes en dix ans. Avec des résultats comparatifs stupéfiants. L’analyse de Jeune Afrique.

Toutes deux puissances agricoles et locomotives régionales, comparables par leur taille et la diversité de leurs populations, la Côte d’Ivoire et le Cameroun ont pourtant expérimenté, durant la décennie écoulée, des réalités économiques bien distinctes.

L’écart entre leurs PIB est passé d’environ 5 milliards à près de 24 milliards de dollars (4,7 à 22,5 milliards d’euros), entre 2011 et 2022, au bénéfice d’Abidjan. Le pouvoir d’achat d’un Ivoirien moyen est désormais supérieur de 40 % à celui de son homologue camerounais. Longtemps à l’avantage du Cameroun, la part de l’industrie dans l’économie suit une trajectoire baissière depuis dix ans dans le pays, alors que la diversification agro-industrielle de l’économie ivoirienne ne cesse de croître.

Analyse économique, financière, industrielle et sociale ; points de vue de nombreux dirigeants, investisseurs, économistes et financiers familiers du pays des « Lions indomptables » et de la terre d’Éburnie… Dans une série inédite consacrée à ces deux poids lourds de la zone CFA, Jeune Afrique a analysé en profondeur leurs principales forces – et faiblesses – pour comprendre le contraste actuel entre leurs performances.

Crise sécuritaire

Une multitude de facteurs ont contribué à cette évolution, dont le moindre n’est pas la crise sécuritaire qui a frappé le Cameroun et ses voisins, pénalisant le commerce et la production agricole. Pourtant, selon les experts interrogés par Jeune Afrique, une attitude et une diligence différentes dans la conduite des politiques économiques ont creusé l’écart entre les deux pays.

« La Côte d’Ivoire a une meilleure gouvernance économique, qui repose, entre autres, sur l’intérêt fort qu’Alassane Ouattara, le président ivoirien, porte à la chose économique et que son passage au FMI a renforcé. La cohérence de l’action gouvernementale en matière économique est réelle », résume un chef d’entreprise camerounais.

La célérité dans le développement des infrastructures, l’attention soutenue dans la mobilisation des investissements étrangers, la facilitation continue de la vie des entreprises sont quelques uns des éléments de cette discordance. Pour preuve : nombre de Camerounais de la diaspora préfèrent s’installer à Abidjan plutôt qu’à Douala ou à Yaoundé, où ils peuvent juste ouvrir des bureaux.

Productivité

Pour autant, la partie est loin d’être terminée. Les avantages et le potentiel du Cameroun sont réels et ne demandent qu’à être – mieux – mis en valeur.

Entre-temps, Abidjan a pour sa part déjà amorcé la phase suivante de son développement. Avec l’aide de la Banque mondiale, le gouvernement planche sur les moyens d’accroître davantage la productivité de l’économie ivoirienne et des travailleurs ivoiriens. Sans réaction du côté camerounais, la simple divergence pourrait vite se transformer en… déclassement.