L’ancien chef de l’État, Hassan Cheikh Mohamoud, élu président de la Somalie

L’ancien chef de l’État, Hassan Cheikh Mohamoud, élu président de la Somalie

La Somalie a élu dimanche, pour la seconde fois, Hassan Cheikh Mohamoud à sa présidence. Il s’est imposé face au président sortant, Mohamed Abdoullahi Mohamed, lors d’un scrutin auquel ont participé les parlementaires.

Cinq ans après, il revient au pouvoir pour la seconde fois. À l’issue d’un scrutin sous haute sécurité, “Hassan Cheikh Mohamoud est le vainqueur de l’élection à la présidence de la République fédérale de Somalie”, a annoncé dimanche 15 mai le président de la chambre basse du Parlement, Cheik Adan Mohamed Nour, plus connu sous le nom de Cheikh Adan Madobe.

Cette élection a eu lieu après plus d’un an de retard dans ce pays instable de la Corne de l’Afrique .

À l’issue d’un vote marathon des parlementaires, Hassan Cheikh Mohamoud, président entre 2012 et 2017, s’est imposé face au chef de l’État sortant Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, qui l’avait battu il y a cinq ans. Des coups de feu de célébration ont résonné dans la capitale Mogadiscio.

Les députés et sénateurs ont d’abord commencé à voter dimanche pour départager les 36 candidats à la présidentielle, sous une tente placée sous couvre-feu dressée dans le périmètre de l’aéroport de Mogadiscio, où les forces de sécurité sont omniprésentes.

Des explosions ont été entendues près de l’aéroport alors que le vote commençait, signe que la situation sécuritaire reste précaire dans le pays. Selon la police, aucune victime n’a toutefois été signalée.

Après des heures de scrutin, retransmis à la télévision nationale, le complexe processus électoral est entré dans sa troisième et dernière phase avec les deux candidats encore en lice – le président sortant Farmajo et son prédécesseur Hassan Cheikh Mohamoud, comme il y a cinq ans. Lors de cet ultime vote, les fonctionnaires du Parlement ont dénombré plus de 165 votes en faveur de Hassan Cheikh Mohamoud, consacrant sa victoire.

La continuité plébiscitée lors des votes

Le mandat de Farmajo était arrivé à échéance en février 2021, sans accord avec les dirigeants régionaux sur l’organisation de nouvelles élections. La prolongation de deux ans de son mandat par les députés en avril 2021 avait déclenché des combats à Mogadiscio, ravivant le souvenir des décennies de guerre civile ayant ravagé le pays après 1991. Ces derniers mois ont aussi été marqués par une rivalité croissante entre Farmajo et son Premier ministre Mohamed Hussein Roble, qu’il avait chargé d’organiser les élections.

“Nous en avons assez de vivre dans l’incertitude… J’espère qu’un président sera élu et qu’aujourd’hui marquera la fin de ce cirque”, a commenté dimanche à l’AFP Muktar Ali, un habitant de Mogadiscio.

L’élection suit un complexe système indirect, dans lequel les assemblées des États ainsi que des délégués investis par une myriade de clans et de sous-clans choisissent les législateurs qui, à leur tour, désignent le président.

“En termes de résultats, la politique somalienne est notoirement difficile à prévoir”, explique Omar Mahmood, analyste à l’International Crisis Group : “C’est essentiellement une affaire d’alliances et de relations plutôt que de programmes.”

Dans ce contexte d’instabilité, les gens ont tendance à voter pour une certaine continuité, avait estimé en amont du scrutin Samira Gaid, directrice exécutive de l’Institut Hiraal spécialisé sur les questions de sécurité.

Plusieurs crises à gérer

Un défi immense attend désormais Hassan Cheikh Mohamoud, alors que le pays de 15 millions d’habitants est frappé par la sécheresse, la famine et un conflit qui semble sans fin.

Ainsi, depuis un an et demi, la communauté internationale a multiplié les appels à boucler les élections, estimant que les retards détournaient les autorités de la lutte contre les islamistes radicaux Shebab. Ces derniers, affiliés à Al-Qaïda, alimentent une insurrection dans le pays depuis 15 ans.

Ces derniers mois, les Shebab ont intensifié leurs attaques, menant notamment un sanglant double attentat dans le centre du pays le 24 mars (48 morts), puis une attaque d’envergure contre une base de la force de l’Union africaine (10 morts selon un bilan officiel).

Cette élection sera également capitale pour l’avenir économique de la Somalie, dont 71 % de la population vit avec moins de 1,90 dollar par jour (1,80 euro). Le Fonds monétaire international (FMI) a prévenu qu’un programme d’aide pourrait s’arrêter automatiquement au 17 mai si une nouvelle administration n’était pas en place. Le gouvernement a demandé, fin avril, de repousser de trois mois cette échéance, sans réponse pour l’instant.

Le pays fait également face à l’une des pires sécheresses des dernières décennies. Les organisations humanitaires redoutent une famine similaire à celle de 2011, qui avait tué 260 000 personnes.