Le Maroc crée une région militaire à sa frontière avec l’Algérie

Dans un contexte de forte tension avec Alger, le territoire marocain a été redécoupé en trois zones pour donner « plus de souplesse et de liberté d’action » à son armée.

Le Maroc a créé une nouvelle région militaire le long de sa frontière avec l’Algérie, en pleine tension entre les deux voisins du Maghreb, a indiqué, lundi 21 février, la revue officielle de l’armée marocaine.

Le territoire marocain, qui était jusque-là divisé en deux régions militaires, nord et sud, se découpe désormais en trois secteurs avec la création de la nouvelle « zone est », le long de la frontière orientale avec l’Algérie. Le commandement de cette zone a été confié au général de division Mohammed Miqdad, dont la cérémonie d’investiture a eu lieu le 5 janvier, a précisé la Revue des Forces armées royales (FAR) dans sa dernière édition.

« La création de cette entité a pour objectif d’assurer la cohérence du commandement, du contrôle et du soutien des composantes terrestres, aériennes et maritimes des FAR », et leur donner « plus de souplesse et de liberté d’action, nécessaires à l’accomplissement des différentes missions », selon la même source.

La création de la nouvelle zone militaire survient dans une période de tensions entre Rabat et Alger, notamment au sujet du Sahara occidental et le récent rapprochement entre le Maroc et Israël. En août, après des mois de frictions, Alger a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, l’accusant « d’actions hostiles ». Rabat a regretté une décision « complètement injustifiée ».

« Légitime défense »

La question du Sahara occidental, ex-colonie espagnole considérée comme un « territoire non autonome » par l’ONU, oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.

Rabat, qui contrôle plus des deux tiers du territoire, propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté. Le Polisario réclame un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU, prévu lors de la signature en 1991 d’un cessez-le-feu, mais jamais concrétisé.

Le Polisario a affirmé avoir tué douze militaires marocains en février lors de différentes attaques dans le territoire disputé. Les autorités marocaines s’abstiennent généralement de réagir aux allégations du Front Polisario.

A la mi-novembre 2020, un cessez-le-feu en vigueur depuis vingt-neuf ans au Sahara occidental avait volé en éclats après le déploiement de troupes marocaines à l’extrême sud du territoire pour déloger des indépendantistes qui bloquaient la seule route vers la Mauritanie. Selon eux, l’artère est illégale car elle n’existait pas lors de la signature des accords de 1991.

Depuis, le Polisario se dit « en état de guerre de légitime défense » et publie un bulletin quotidien de ses opérations.