Soudan: les incidents meurtriers se multiplient au Darfour

Soudan: les incidents meurtriers se multiplient au Darfour

Au Soudan, le bilan d’affrontements intercommunautaire, ce week-end dans la province du Darfour-Ouest, ne cesse de grimper. Il y aurait au moins 48 personnes tuées selon un syndicat de médecins.

Il s’agit du deuxième incident meurtrier en trois semaines dans cette région. Les affrontements ont débuté samedi par une dispute entre deux tribus, à une trentaine de kilomètres à l’est d’el-Genaïna.

À l’origine des violences, une dispute samedi soir entre un vendeur de téléphones portables et son client. La dispute a rapidement dégénéré en affrontement entre membres de deux communautés, tribu arabe d’un côté, tribu issue d’ethnie africaine de l’autre.

Selon plusieurs témoins des hommes armés appartenant à des milices arabes Janjawids ont attaqué le camp de déplacés de Kreinik, mettant feu aux habitations. Selon le gouverneur de la province les affrontements de dimanche ont duré sans interruption, de 5h du matin à 16h. Des affrontements d’une telle intensité que les autorités ont dépêché des troupes gouvernementales sur place.

La semaine dernière, la FIDH publiait un rapport sur le sujet, dans lequel sont documentés une série d’attaques des forces de sécurité contre des civils et des manifestants non armés, ainsi que des affrontements entre communautés et entre forces de sécurité rivales.

Avant le coup, certaines communautés arabes avaient une fort sentiment d’impunité lié à la montée en puissance d’Hemetti mais il y en a aussi qui étaient plutôt dans la nostalgie de l’ancien régime. En particulier la plupart des chefs arabes du Darfour ouest sont très lié au régime de Béchir (…) Eux, ils étaient très hostiles aux négociations de Hemetti avec les rebelles du Darfour et à l’accord de paix de Juba. Et le sont toujours. (…) Ils considèrent que le coup, c’est le retour du régime de Béchir et que donc ils vont pouvoir recommencer à jouir d’une impunité totale. Et c’est pour ça qu’ils ont non seulement attaqué des populations mais aussi le groupe rebelle du gouverneur qui essayait de protéger les populations dans la zone de Kreinik.

Jérôme Tubiana, chercheur et auteur du rapport de la FIDH

Florence Morice

Il y a trois semaines déjà, des violences entre éleveurs s’accusant de vol de chameaux, avaient causé 50 morts et l’incendie de 594 habitations selon l’ONU. La région est régulièrement secouée par des heurts provoqués notamment par des disputes territoriales ou des problèmes d’accès à l’eau, avec en toile de fond, des conflits entre groupes ethniques.