Après l’ultimatum de l’Éthiopie aux rebelles du Tigré, l’ONU alerte sur le sort des civils

Les Nations unies ont exhorté, lundi, l’Éthiopie à assurer la protection des civils, après que le Premier ministre Abiy Ahmed a fixé aux forces rebelles de l’État du Tigré un ultimatum de 72 heures pour capituler, avant une offensive contre la capitale locale Mekelle.

Au lendemain de l’ultimatum posé par le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed aux forces rebelles de l’Etat du Tigré pour capituler avant une offensive contre la capitale locale Mekelle, les Nations unies ont exhorté, lundi 23 novembre, l’Éthiopie à assurer la protection des civils,

Les affrontements, qui ont éclaté le 4 novembre entre les forces gouvernementales éthiopiennes et l’armée régionale du Tigré, ont fait des centaines, voire même des milliers, de morts.

Après l’ultimatum de l’Éthiopie aux rebelles du Tigré, l’ONU alerte sur le sort des civils

Catherine Sozi, coordinatrice humanitaire de l’ONU pour l’Éthiopie, a déclaré qu’elle espérait que seraient garanties la sécurité des travailleurs humanitaires et la “protection des plus de 525 000 civils (non combattants) qui résident à Mekelle”. Elle a aussi demandé la protection de “toutes les infrastructures civiles comme les centres de santé, les écoles et le réseau d’eau”.

Dans un communiqué sur Twitter, le gouvernement éthiopien a déclaré que l’armée avait pris “grand soin” à protéger les civils depuis le début des opérations menées dans le Tigré.

We urge everyone, to be mindful of out of context quotes that misconstrue statements and convey messages opposed to the original intent and meaning. pic.twitter.com/bgBrQyxZPx
— Ethiopia State of Emergency Fact Check (@SOEFactCheck) November 23, 2020

Un ultimatum

Le Premier ministre Abiy Ahmed a donné, dimanche, 72 heures aux dirigeants de la région dissidente du Tigré, cible d’une offensive militaire et menacés d’un assaut “impitoyable”, pour qu’ils déposent les armes.

Prix Nobel de la paix en 2019, Abiy Ahmed a déclenché cette opération le 4 novembre, accusant les responsables du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), au pouvoir dans cette région du nord du pays, de chercher à déstabiliser le gouvernement fédéral et d’avoir attaqué deux bases militaires éthiopiennes dans la région, ce que nient les autorités tigréennes.

“La route vers votre destruction touche à sa fin et nous vous demandons de vous rendre dans les prochaines 72 heures”, a écrit Abiy Ahmed dans un communiqué adressé aux dirigeants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) qui dirige la région. “Vous êtes à un point de non-retour. Saisissez cette dernière chance”, a-t-il ajouté.

Dear fellow Ethiopians, pic.twitter.com/3H9XXSiFM7
— Abiy Ahmed Ali 🇪🇹 (@AbiyAhmedAli) November 22, 2020

L’armée éthiopienne avait auparavant prévenu de l’imminence d’une attaque contre Mekele, capitale du Tigré et siège du gouvernement local que le pouvoir fédéral cherche à déloger, appelant les civils à fuir tant qu’il est encore temps.

Le chef du TPLF, Debretsion Gebremichael, avait répondu dimanche en promettant de livrer des “combats acharnés” pour freiner l’avance de l’armée éthiopienne. “Ils continueront à payer pour chaque mouvement”, a-t-il déclaré. Il a aussi prévenu qu’une attaque sur Mekele ne marquerait pas la fin du conflit: “Tant que la force d’occupation sera au Tigré, les combats ne cesseront pas”.

Aucun bilan précis des combats, qui ont fait au moins des centaines de morts depuis le 4 novembre, n’est disponible de source indépendante. Mais plus de 36 000 Éthiopiens ont déjà gagné le Soudan, selon la Commission des réfugiés du Soudan.

Jusqu’à présent, les deux camps n’ont pas répondu aux appels à la désescalade de la communauté internationale, inquiète des risques de déstabilisation de Corne de l’Afrique.