RDC: l’entourage de Joseph Kabila et le groupe AFC/M23 affirment que l’ex-président est à Goma

Plusieurs sources du groupe politico-militaire AFC/M23 et de l’entourage de Joseph Kabila ont annoncé l’arrivée de l’ancien président à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Le 23 mai, il l’avait lui-même promis : il allait s’y rendre officiellement, sans donner de détails. Ce 26 mai, aucune photo ou vidéo de lui jusque-là, mais tout son entourage le confirme. Explications.

Depuis l’Afrique australe où il vit depuis plus d’un an, Joseph Kabila est passé par un pays d’Afrique de l’Est avant de rejoindre Kigali, explique son entourage. De là, il a pris la route pour Goma, via Gisenyi, d’après les mêmes sources. Accueilli par Corneille Nangaa, il est arrivé vers minuit en compagnie de plusieurs proches collaborateurs qui ont, depuis, été aperçus en ville, notamment Moïse Nyarugabo mais aussi Kikaya Bin Karubi et Patient Sayiba qui ont confirmé à RFI leur présence ainsi que celle de l’ancien président dans le chef-lieu du Nord-Kivu. Le coordonnateur de l’AFC/M23 a, lui, salué cette arrivée sur les réseaux sociaux, affirmant que Kabila a fait « un bon choix, plutôt que de rester en exil forcé ».

Emmanuel Ramazani Shadary, le secrétaire permanent du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), la formation de Joseph Kabila, a ajouté à RFI qu’il est à Goma pour rencontrer des personnalités politiques et de la société civile, dans le but, dit-il, de rechercher la paix : « Il est là pour discuter avec ceux qui ont les armes. Il va donner sa contribution en discutant avec eux, comme les évêques l’ont fait, comme tout le monde le fait. C’est une affaire de tout le monde et l’approche doit être globale. Le reste ? Ce sont des discours des gens qui craignent de perdre leurs postes. »

Contrairement au 18 avril dernier, quand certains membres de l’entourage de l’ancien président avaient annoncé son arrivée avant de démentir l’information, les confirmations publiques se multiplient donc cette fois-ci.

Mais avec ce déplacement annoncé, le PPRD, qui est suspendu par les autorités, ne craint-il pas des représailles à Kinshasa, où des sources gouvernementales affirment d’ores et déjà qu’un procès sera bel et bien lancé contre Joseph Kabila ? « Les gens vont raconter des histoires : Kabila est rwandais, Kabila est ceci ou cela. On est fatigués, lance Emmanuel Ramazani Shadary.Il est parmi les acteurs politiques majeurs de ce pays. Il est parmi ceux qui connaissent tous les acteurs du pays, tous les acteurs de la région. Il connait aussi le jeu et les enjeux ».

Le programme de Joseph Kabila à Goma devrait être dévoilé mardi

Selon l’entourage de l’ancien président, cette journée de lundi a été celle des derniers préparatifs, avec au moins deux réunions organisées en sa présence. Les mêmes sources indiquent que son programme – essentiellement constitué de rencontres avec des personnalités politiques, sécuritaires, religieuses et issues de la société civile – devrait être présenté ce mardi. Tout a été calé, affirment-elles, sans vouloir donner plus de précisions sur la durée de son séjour, mais tout en précisant aussi que celui-ci est « rentré chez lui », dans un endroit où il se sent en sécurité. « S’en aller pour aller où ? Joseph Kabila a une résidence ici. Même s’il quitte Goma, il sera de retour », a par exemple confié Patient Sayiba.

Quant au message que l’ex-chef de l’État entend délivrer, Kikaya Bin Karubi rapporte qu’il souhaite incarner stabilité et expertise face au chaos, se positionner en leader de rassemblement et de solutions « prêt à reprendre les rênes pour sauver le Congo ».

Vendredi, au lendemain de la levée de son immunité parlementaire par le Sénat, Joseph Kabila s’était dit prêt « à jouer sa partition » pour mettre un terme à « la dictature, mieux, à la tyrannie » du régime de Félix Tshisekedi. Deux jours plus tard, l’UDPS, le parti du président congolais, avait riposté en le qualifiant de « sujet rwandais qui doit cesser d’interférer dans les affaires congolaises » alors que celui-ci est accusé de complicité avec l’AFC/M23. Qui prévient, de son côté, que Joseph Kabila n’est pas le dernier à rejoindre la capitale du Nord-Kivu : d’après le mouvement, « les portes de Goma sont grandes ouvertes pour accueillir, outre l’ancien président, tous ceux qui veulent exercer leurs activités politiques dans un esprit républicain. »