Mali: embarqué par l’armée et Wagner il y a plus de trois mois, ses proches restent sans nouvelles

Mali: embarqué par l’armée et Wagner il y a plus de trois mois, ses proches restent sans nouvelles

C’est un témoignage rare de proches désespérés d’une personne embarquée par l’armée malienne et ses supplétifs de Wagner depuis trois mois. Ladji Tambadou, 28 ans, est un commerçant malien qui réside habituellement à Libreville, au Gabon, où il tient une boutique d’alimentation.

L’armée malienne et ses supplétifs de Wagner mènent chaque jour des opérations antiterroristes. Ces opérations donnent lieu à de nombreuses interpellations de présumés jihadistes. Mais ces interpellations se transforment souvent en disparitions forcées : des personnes emmenées par les soldats et leurs partenaires russes, dont les familles restent sans nouvelles pendant des jours, des semaines, des mois… Les familles, craignant d’aggraver la situation ou d’être elles-mêmes ciblées, évitent généralement de témoigner publiquement. Dans le cas présent, le contexte et le désespoir des proches d’un disparu permettent ce témoignage, cet appel à l’aide.

Ladji Tambadou, 28 ans, est un commerçant malien qui réside habituellement à Libreville, au Gabon, où il tient une boutique d’alimentation. Cela fait plus de trois mois, que l’armée malienne et Wagner l’ont embarqué. Le 8 décembre dernier, de passage pour les vacances dans le village familial de Diangounté-Kamara, région de Kayes, il se rend à un baptême.

Sur le chemin du retour, à moto, route de Diéma, il croise une patrouille militaire. « Il était environ 17 heures lorsqu’il a croisé la patrouille de l’armée malienne et de ses supplétifs du groupe Wagner, raconte son cousin direct Mamoudou Cissé. Malheureusement, il n’avait pas ses pièces d’identité sur lui et ils l’ont embarqué. Quand on a vu qu’il était un peu tard et qu’il ne rentrait pas, on s’est rapproché du commissariat de Diéma. Là, ils nous ont informés que plusieurs personnes avaient été interpellées, et qu’ils avaient tous été acheminés vers Bamako. »

Mobilisation de ses proches

La famille entame alors une série de démarches pour clarifier la situation et faire libérer Ladji Tambadou. « Son frère est parti au commissariat de Diéma avec sa pièce d’identité, son passeport, son billet d’avion et sa carte de résident au Gabon, énumère Mamoudou Cissé. Le lendemain matin, le frère est reparti à Bamako. Il s’est rendu au camp militaire de Kati, près de Bamako, au Camp 1 [de la gendarmerie, NDLR] à Bamako, à la Maison centrale d’arrêt : dans tous ces lieux, on a répondu qu’il n’était pas là. »

Aucune procédure judiciaire n’a été ouverte contre Ladji Tambadou, détenu dans un lieu inconnu depuis plus de trois mois. « Même s’il est interpellé et qu’ils mènent des enquêtes, explique son cousin Mamoudou Cissé. Nous, la famille, tout ce qu’on veut, c’est au moins le voir ! Savoir qu’il est en vie… Mais là, on n’a aucune nouvelle : on ne le voit pas, on ne peut pas le contacter, ni sa mère, ni un avocat, personne. »

Depuis trois mois, les proches de Ladji Tambadou ont sollicité des personnalités au sein de plusieurs ministères et du Conseil national de transition (CNT) pour avoir des informations sur son lieu de détention, en vain. Ils prient chaque jour pour le retrouver au plus vite, sain et sauf.